Au début de l'acte IV Don Juan rentre dans son appartement après qu'il a invité la statue du commandeur à dîner. Il attend sagement le repas et voit défiler une série de visites inopportunes, ceux qu'on appelle les fâcheux dont le premier sera M. Dimanche, son créancier ; suivrons son père et Elvire. M. Dimanche vient lui réclamer de l'argent. Don Juan décide de le recevoir pour exercer une nouvelle fois ses pouvoirs de séduction, son « art du langage ».
Nous sommes dons face à un dialogue dans lequel Don Juan paie son interlocuteur de mots. Ce dialogue est une sorte d'intermède comique dans la mesure où il vient se placer après une augmentation de la tension dramatique pendant tout l'acte IV et avant la marche vers le dénouement. Cependant, cet intermède comique n'est pas purement gratuit. Ainsi, nous nous demanderons en quoi le comique permet à Molière de critiquer la société de son époque et de faire apparaître une facette du libertin qu'est Don Juan.
[...] Bien plus qu'un simple comique de situation, de gestes ou de mots, c'est un réel comique de caractère qui ponctue cette scène et qui sert une poignante satire et critique de la société du XVIIe siècle. M.Dimanche apparaît d'abord comme un reflet parfait du bourgeois enrichi de la société du XVIIe siècle. Il s'est enrichi en travaillant, mais malgré cela il est encore soumis aux nobles et se laisse tromper par Don Juan. Néanmoins, M.Dimanche est un être respectueux et conscient de sa position sociale : il appelle Don Juan Monsieur mais ne souhaite pas accepter ses propositions. [...]
[...] Celui-ci s'exprime à travers de multiples questions, un portrait élogieux que Don Juan fait de M.Dimanche et dans lequel chaque partie du corps est qualifiée par un adjectif mélioratif : lèvres fraîches teint vermeil Don Juan ne manque également pas de donner des détails sur chaque membre de la famille Dimanche, ainsi que sur le chien auquel M.Dimanche accorde apparemment le plus d'importance, car c'est à son propos qu'il fait la réponse la plus longue. Don Juan apparaît alors comme quelqu'un de très habile qui sait étourdir son interlocuteur sous de nombreuses flatteries sans pour autant lui laisser l'occasion de parler. [...]
[...] Don Juan multiplie les politesses incongrues, déplacées, dans lesquelles il fait de M.Dimanche un égal, ce qui n'est pas le cas. Au lieu de l'honorer, il l'humilie et le méprise. Don Juan ne respecte aucune des lois sociales ni les bienséances et fait preuve d'une attitude extrêmement choquante d'autant plus qu'il ironise. Tout ceci a une signification existentielle : Don Juan refuse tout contrat et tout engagement. Il prend tout, mais ne donne rien en échange si ce n'est des mots et des paroles trompeuses. [...]
[...] Il est constamment en représentation, il joue un rôle et c'est cela même qui séduit le spectateur qui rit bien plus qu'il ne pleure. Cet intermède nous est donc apparu comme une scène comique qui divertit avant le dénouement tragique. Mais le comique n'est pas gratuit, il a une valeur didactique puisqu'il est porteur d'une satire de la société du XVIIe siècle. [...]
[...] Ensuite, Don Juan prend soin de s'informer sur tous les membres de la famille de M.Dimanche avant de l'inviter à dîner et, finalement, de le reconduire. Molière accompagne ce comique de situation d'un comique de gestes et de mots. Dans ce passage, une gestuelle et des mimiques ne manquent pas d'accompagner les protestations d'amitiés de Don Juan. Il fait de grandes civilités on suppose par son discours qu'il a une expression exagérée de contentement envers M.Dimanche. Don Juan va jusqu'à s'indigner devant ses laquais. De plus, il convient dans cette scène d'imaginer tout un jeu autour du fauteuil. [...]
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