Etude de texte de la première scène de l'acte I de l'oeuvre Dom Juan de Molière. On retrouve ici, l'une des trois obsessions de Don Juan, à savoir l'amour. Présentation de Don Juan, et de son côté séducteur, par deux personnages secondaires, à savoir Gusman et Sganarelle. En ouverture, nous verrons, "le credo" de Don Juan, et sa confirmation, quant à la description de Sganarelle.
[...] Entre les deux, il y aura la scène avec les deux paysannes, cela tient de la comédie, c'est le comique de situation et de jeu. Don Juan nous a été présenté par Sganarelle, on a eu la confirmation de Don Juan de son caractère et le passage à l'acte est vraisemblablement la scène avec les paysannes. Tout comme la scène où ils discutent sur le ciel et on aura le passage à l'acte qui sera la scène du pauvre. [...]
[...] Sganarelle : Je n'ai pas grande peine à le comprendre, moi ; et si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui. Je ne dis pas qu'il ait changé de sentiments pour Dona Elvire, je n'en ai point de certitude encore : tu sais que, par son ordre, je partis avant lui, et depuis son arrivée il ne m'a point entretenu ; mais, par précaution, je t'apprends, inter nos, que tu vois en Don Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup−garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, un pourceau d'Epicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances [chrétiennes] qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. [...]
[...] Enfin il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs : je me sens un coeur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. Sganarelle : Vertu de ma vie, comme vous débitez ! [...]
[...] Ouvrons sur la tirade de Don Juan. On a la position de Sganarelle : je trouve fort vilain d'aimer de tous côtés comme vous faites. La réaction de Sganarelle est à retenir, il nous donne la clef du personnage : car vous tournez les choses d'une manière, qu'il semble que vous avez raison ; et cependant il est vrai que vous ne l'avez pas. Cette tirade si on devait l'étudier : - I Les procédés d'un texte didactique - II Les trois thèmes abordés dans un ordre calculé qui est la clef du personnage. [...]
[...] Sganarelle parle tout seul et il fait les dialogues : - Tu me dis qu'il a épousé ta maîtresse : crois qu'il aurait plus fait pour sa passion, et qu'avec elle il aurait encore épousé toi, son chien et son chat. - Tu demeures surpris et changes de couleur à ce discours ( Il remplace carrément les didascalies. Il mène la conversation et il commente le tout. Il est intéressant de regarder de plus près le lexique : Ce valet va nous intriguer, il mélange les registres, il va souvent se couvrir de ridicule, sachant que c'est ce personnage qui a scandalisé. [...]
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