Commentaire de texte (bac +1) d'un extrait de l'incipit de Dom Juam de Molière. Le passage analysé de la première scène de l'acte 1 concerne l'éloge du tabac et s'étend de "Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n'est rien d'égal au tabac (...)" à "(...) Mais c'est assez de cette matière. Reprenons un peu notre discours.".
[...] Cet éloge place la scène dans un registre comique, et est lui-même comique à plus d'un titre : 1ere partie Quoique puisse dire Aristote et toute la Philosophie : première apparition de Sganarelle en valet qui se plait à philosopher et à citer Aristote il n'est rien d'égal au tabac. : Sganarelle rejette les valeurs d'Aristote et valorise ainsi son avis personnel. o Le comique vient de la disproportion entre l'importance de la référence : Aristote et toute la Philosophie argument d'autorité et le peu d'importance du sujet choisi : le tabac. [...]
[...] Cette scène est l'occasion d'inscrire la pièce dans une philosophie et dans une perspective critique. De façon détournée ou allusive, l'éloge du tabac permet l'annonce de la thématique du libertinage et la présentation de la dimension subversive du héros. 1)Le personnage de Dom Juan apparaît comme un libertin et connaît une triste fin, ce qui invite à lire Dom Juan comme une critique du libertinage, mais cette œuvre complexe ambiguë ne se contente pas d'un message aussi peu subtile. Si Molière semble condamner une forme aigue, provocante et impie du libertinage, incarnée par Dom Juan, il paraît néanmoins dans cette scène, à travers des références précises dans le discours du valet, défendre un libertinage érudit, qui refuse de mettre en retrait son sens critique face à la religion: admirateur malgré lui de son maître, Sganarelle parodie l'éloquence avec laquelle Dom Juan fera l'éloge des vices reprochés par la société ou dénoncera la mauvaise foi de celle-ci. [...]
[...] En outre, dès l'ouverture, Molière s'en prend à ses éternels ennemis, la Compagnie du saint sacrement. Si l'éloge du tabac parait n'être qu'une parodie burlesque et un choix original pour surprendre le spectateur, il met aussi en lumière un objet de controverse. Le tabac à priser ou à fumer était, en effet, considéré par certains comme un remède mais il était condamné par la Compagnie du saint sacrement, en faire l'éloge est donc s'opposer à eux ostensiblement. Ainsi, dès les premiers mots de sa pièce, Molière annonce sa volonté de braver à nouveau ses ennemis (cf. [...]
[...] -Une ouverture de pièce originale et subversive à double titre : une réponse à la censure de Tartuffe (→critique de l'éternel ennemi moliéresque : l'hypocrisie dévote), l'annonce du thème du libertinage. -De plus, s'expriment ici des revendications déguisées de Molière face à des règles de dramaturgie extrêmement codifiées. [...]
[...] Molière choisit de représenter la morale sur scène mais préfère à la tragédie, la comédie, qui permet une critique des mœurs et travers de son temps. Dom Juan, qui est joué pour la première fois en 1665, connaît un succès considérable jusqu'à ce qu'il soit secrètement interdit par le roi sous la pression des dévots qui venaient de faire interdire Tartuffe. En effet, cette pièce, qui reprend un sujet à la mode déjà illustré par l'espagnol Tirso de Molina, est une tragi-comédie qui raconte la vie dissolue d'un libertin. [...]
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