A la fin de l'Acte II, Dom Juan fait le funambule entre Charlotte et Mathurine, deux paysannes qu'il a séduites et dont il se moque, en faisant croire à chacune qu'elle est sa préférée. On annonce soudain que douze hommes à cheval sont à sa recherche. Le maître et le valet quittent les paysannes et sous un déguisement s'enfuient dans une forêt. Là ils s'entretiennent de médecine, science à laquelle Dom Juan n'accorde aucun crédit, puis de religion.
[...] Refusant l'hypothèse du surnaturel, Don Juan croit à ce qu'il voit, à ce qui peut être ratifié par la raison. Avec provocation et d'une façon lapidaire qui contraste avec le discours burlesque rempli d'idées obscures et inintelligibles du valet, il déclare : je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit Si l'on prend la phrase au pied de la lettre, comme le valet, Don Juan n'accorde son crédit qu'aux chose qui ont la clarté du langage mathématiques, autrement dit qui peuvent être véracités par la raison : Votre religion, à ce que je vois, est donc l'arithmétique ? [...]
[...] Dom Juan -ACTE II, scène Dialogue Don Juan - Sganarelle : Réquisitoire contre l'incroyance A la fin de l'Acte II, Don Juan fait le funambule entre Charlotte et Mathurine, deux paysannes qu'il a séduites et dont il se moque, en faisant croire à chacune qu'elle est sa préférée. On annonce soudain que douze hommes à cheval sont à sa recherche. Le maître et le valet quittent les paysannes et sous un déguisement s'enfuient dans une forêt. Là ils s'entretiennent de médecine, science à laquelle Don Juan n'accorde aucun crédit, puis de religion. [...]
[...] Devant le mutisme dédaigneux du libertin, Sganarelle réagira par un mouvement d'humeur qui traduit en fait, pas le dépit, son attachement pour lui : Morbleu ! Je suis bien sot de m'amuser à raisonner avec vous. Croyez ce que vous voudrez : il m'importe bien que vous soyez damné ! Ce noble dessein n'est cependant pas aussi pur qu'il y paraît. Sganarelle éprouve de l'admiration pour le grand seigneur dont il aimerait avoir l'envergure intellectuelle. C'est pourquoi il cherche à se mesurer, avec lui, en prenant, d'une façon naïvement prétentieuse, ses distances : pour moi, Monsieur, je n'ai point étudié comme vous, dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m'avoir jamais rien appris Or chacun sait que Sganarelle doit à son maître le vernis de culture qu'il ne manque pas de faire valoir ostensiblement. [...]
[...] Quand Sganarelle l'interroge sur Dieu, l'enfer ou l'au-delà, il répond par des interjections et monosyllabes qui sont plus une preuve de scepticisme que d'athéisme radical. Cette attitude laisse à penser qu'il n'est pas vraiment athée, car s'il l'était, il serait complètement indifférent à cette question et il ne passerait pas son temps à défier Dieu, en commettant des sacrilèges. Comme tout révolté, il a besoin pour exister d'un obstacle qui donne de l'éclat à son courage et à son insolence. [...]
[...] En fait, aucun des points de vue de cette alternative convaincant. Sganarelle défend sa foi avec l'enthousiasme de l'homme du peuple, mais par inculture elle dégénère en superstition et en bêtise. Quant à don Juan, son refus des conventions est tonique, mais sa corruption morale est intenable. En mettant en scène l'impossible dialogue des protagonistes, Molière ne prend parti ni pour l'un, ni pour l'autre, et nous présente finalement une vision sceptique et désabusée de l'homme face à la religion. [...]
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