La seconde moitié du 17e siècle fut essentiellement marquée par le règne de Louis XIV. Placés sous sa protection, certains artistes tels que Molière par exemple, ont pu composer et créer des œuvres littéraires qui sont toujours d'actualité.
Du fait de l'interdiction pour la seconde fois de jouer Tartuffe, Molière s'est vu contraint de composer une autre pièce de théâtre en quelques mois : Dom Juan, joué pour la première fois le 15 février 1665. Cette pièce met en scène un jeune noble, Dom Juan, qui rejette toutes les valeurs morales et religieuses de son époque et qui lance à Dieu, une série de défis qui le conduisent à la mort.
La scène 2 de l'acte III, met en jeu, trois personnages, Dom Juan, le pauvre et Sganarelle. Elle présente un Dom Juan tentateur qui tente de corrompre le pauvre en lui proposant un dilemme : le blasphème contre un Louis d'or.
[...] Ah, Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché ? D. JUAN. Tu n'as qu'à voir si tu veux gagner un Louis d'or ou non, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut jurer. LE PAUVRE. Monsieur. D. JUAN. À moins de cela tu ne l'auras pas. SGANARELLE. Va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal. D. JUAN. [...]
[...] Dom Juan de Molière, Acte III, scène 2 Texte SGANARELLE. Enseignez-nous un peu le chemin qui mène à la Ville. LE PAUVRE. Vous n'avez qu'à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la forest. Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelque temps, il y a des voleurs ici autour. D. JUAN. Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâces de tout mon coeur. [...]
[...] Je suis un Pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de prier le Ciel qu'il vous donne toute sorte de biens. D. JUAN. Eh, prie-le qu'il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres. SGANARELLE. Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme, il ne croit qu'en deux et deux sont quatre, et en quatre et quatre sont huit. D. JUAN. Quelle est ton occupation parmi ces arbres ? LE PAUVRE. De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose. D. [...]
[...] Hélas, Monsieur, je suis dans la plus grande nécessité du monde. D. JUAN. Tu te moques, un homme qui prie le Ciel tout le jour ne peut pas manquer d'être bien dans ses affaires. LE PAUVRE. Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n'ay pas un morceau de pain à mettre sous les dents. D. JUAN. Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins ; ah, ah, je m'en vais te donner un Louis d'or tout à l'heure pourvu que tu veuilles jurer. [...]
[...] Dom Juan montre ici un aspect corrupteur, l'issu du dilemme ne peut être que tragique pour le pauvre. Il est perfide et diabolique, il fait accroître la tentation et utilise des affirmations pour donner au pauvre l'illusion d'un espoir. Conclusion Cette scène est donc une critique ouverte de la société du 16e siècle. Grâce au duel entre le croyant et l'impie, deux personnalités fortes qui s'opposent, Molière montre en quoi le blasphème est proscrit dans la société religieuse sous Louis XIV. [...]
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