Dans cette scène extraite de la comédie Dom Juan, suite à l'interdiction de la pièce Tartuffe, un dialogue s'engage entre les personnages. Les répliques peuvent se répartirent de deux façons. C'est une conversion entre Sganarelle et Dom Juan qui laisse place à celle de Dom Juan et de la statue du commandeur envoyée par le Ciel. Le spectre au tout début de l'extrait stimule le dialogue qui s'instaure au sein des personnages.
[...] Dom Juan est toujours désigné par un titre de respect, Monsieur vers De plus, Sganarelle vouvoie son maître, et lui doit une marque profonde de respect : Entendez-vous, Monsieur ? vers Voyez-vous, Monsieur vers Rendez vous ( jetez-vous vers 12. Contrairement à Dom Juan, l'emploi des impératifs chez Sganarelle a pour volonté non pas de donner un ordre mais plutôt un conseil. Le valet ne cesse de considérer son maître qui ne se préoccupe pas des recommandations d'un être inférieurement social. [...]
[...] L'entourage assonantique en brasier ardent ah vers 24 insiste davantage sur la douleur ressentie et sur la peine violente mise en œuvre par le ciel. Pour conclure, Dom Juan ce grand seigneur débauché est dans cette scène un impie châtié par la vengeance divine. Le plan de Sganarelle est finalement déjoué dans la mesure où Dom Juan témoigne d'une indifférence totale à l'égard de la parole du valet. C'est un être qui méprise toutes les valeurs et qui rejette la parole d'autrui. Avec ce dysfonctionnement du dialogue, sa fin apparaît comme l'élimination d'un danger social. [...]
[...] Pour illustrer cette mort, la didascalie vers 25,26 fait appel au merveilleux chrétien et la mort est comme une mise en scène. La didascalie évoque le Ciel qui emploie tous les moyens possibles pour punir l'impie : le tonnerre la réitération par trois fois de l'adjectif grand : grand bruit grands éclairs grands feux Le lecteur fait face à un dénouement tragique intensifié par le ciel qui se résout à la violence, et par les cris d'un Sganarelle inconsolable. L'invocation Ô Ciel vers 23, et le cri interjectif Ah sont deux cris de douleur qui forment un écho avec les cris de déploration de Sganarelle. [...]
[...] L'interlocuteur, de même que le spectateur ne peut être que saisi par cette voix qui nomme directement un être dans le péché. De surcroît, les assonances en fermé arrêtez m'avez donné manger ouvert hier avec vers 16 et 17 caractérisent un appel à la communication, où Dom Juan est vivement interpellé. Dom Juan, cette fois-ci dominé formule la réponse brève Oui en écho antithétique avec ses paroles précédentes Non, Non vers 9 et 14. Le couple injonction/exécution Où faut-il aller ? / Donnez-moi la main donne de la vivacité à l'échange. [...]
[...] De même, les adverbes temporels recouvrent les répliques des trois personnages s'adressant à Dom Juan : le spectre : s'il ne se repent pas ici vers Sganarelle : jetez-vous vite vers 12, La statue : vous m'avez hier Ces trois adverbes présentent 2temporalités différentes : le présent et le passé. Ces adverbes dynamisent et annoncent la condamnation de Dom Juan. Les deux tournures négatives prononcées par le spectre au vers 1 et 2 Don Juan n'a plus qu'un moment ( ) et s'il ne se repent pas ici Cette construction au début de l'extrait favorise l'issue fatale à laquelle est voué Don Juan. [...]
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