Les scènes 5 et 6 du dernier acte de Dom Juan constituent la chute de l'oeuvre écrite par Molière en 1665 qui a tant fait polémique au XVIIe siècle.
Dans ce texte sombre où se mêlent mystère et angoisse, Dom Juan vit ses derniers instants de libertin. Une ultime chance de se repentir lui est offerte par le spectre, mais il la rejette malgré les supplications de Sganarelle, se retrouvant ainsi entraîné par la Statue du Commandeur pour une dernière Cène aux portes de l'Enfer.
Comment Molière choisit-il de finir sa pièce ? Quel rôle joue le Ciel dans ce passage ? Comment Dom Juan défie-t-il Dieu ?
[...] On peut qualifier Dom Juan de "pièce à machine". Molière met en avant dans son oeuvre le "Deus ex machina", le dénouement de l'histoire par la décision divine. Tout au long de cette pièce, Dom Juan bénéficie de nombreuses chances pour accéder au repentir ainsi qu'à la Miséricorde de Dieu. Mais il n'en fera rien, car en bon libertin, il accepte son humanité et l'assume entièrement en menant une bataille impossible à remporter contre Dieu. Cette comédie reste difficile à qualifier, puisqu'elle ressemble également à une tragédie par la machine des événements, et comporte de multiples accents baroques. [...]
[...] Comment Molière choisit-il de finir sa pièce ? Quel rôle joue le Ciel dans ce passage ? Comment Dom Juan défie-t-il Dieu ? Nous nous efforcerons de répondre à ces questions en étudiant d'abord l'intervention du spectre, puis en analysant de quelle façon Dom Juan réagit face à la mort, et dans un dernier temps le rôle de Sganarelle dans ces deux scènes. L'apparition du spectre dans ces deux scènes constitue l'aspect le plus mystérieux de ce passage; on ne sait pas réellement de qui il s'agit. [...]
[...] L'impératif est très utilisé ("arrêtez", "donnez" . Dom Juan ne déchante pas et respecte sa parole. Il se montre ainsi avec tout son orgueil an voulant se mesurer à Dieu, tente de remporter un duel inégal et perdu d'avance. Il marche la tête haute au-delà de sa mort, sans crainte. Ce comportement était considéré comme celui du diable au 17ème siècle, alors qu'il choquerait moins les mentalités de nos jours: on peut ainsi voir Dom Juan comme un personnage moderne. [...]
[...] C'est lui qui prononce l'oraison funèbre de son maître, sur un ton comique et absurde, puisqu'il reste accroché à ses gages malgré ce qu'il vient de se dérouler Mes gages ! Mes gages "Mes gages, mes gages, mes gages Il met ainsi en avant sa cupidité. Sganarelle reste donc le grand oublié de la pièce. Ce personnage fut très critiqué à l'époque, puisqu'il représente la religion en poussant sans cesse Dom Juan au repentir ("entendez-vous Monsieur mais il reste ridicule. Il rend ainsi la superstition et la religion ridicules. On remarque une certaine ambiguïté entre Sganarelle et Dom Juan. [...]
[...] Dom Juan veut se battre contre le temps qui passe; c'est ainsi qu'il donne un coup d'épée au spectre en espérant le toucher, le tuer. Mais il brassera le néant. Le libertin se voit incapable de ramener l'irréel à la réalité. Il mènera un combat contre le spectre afin de supprimer la superstition, sans flancher. On peut dire que Dom Juan construit déjà son mythe puisqu'il s'affirme dans son orgueil et sa fierté. Il reste l'homme du refus qui refoule ses inquiétudes humaines. [...]
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