Dom Juan ou le Festin de Pierre - Molière (1665)

Thèmes abordés

Dom Juan ou le Festin de Pierre, Molière, 1665, outils grammaticaux, hypocrisie, outils argumentatifs, Sganarelle, glorification de l'hypocrisie, convaincre un auditoire, commentaire de texte, crédibilité, passion

Résumé du document

Au travers de ce corpus composé de trois extraits de Dom Juan de Molière faisant des éloges paradoxaux du tabac, de l'inconstance et de l'hypocrisie, à savoir l'acte I, l'acte I scène 2, et enfin l'acte V scène 2, nous nous demanderons quels outils argumentatifs sont utilisés ces glorifications pour remporter l'adhésion du spectateur. Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux outils grammaticaux qui permettraient de convaincre le spectateur, pour ensuite nous pencher sur la façon dont les personnages instruisent le public. Nous terminerons par le raisonnement à haute-voix du protagoniste, qui tendrait à remporter l'adhésion de son auditoire.

Extraits

[...] Enfin, lorsque Dom Juan fait glorifie l'hypocrisie : « Le personnage d'homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui ». Le présent de vérité générale n'offre donc pas la possibilité au spectateur de contredire le personnage, puisque cela reviendrait à remettre en cause une vérité acquise, indéniable et prouvée. Les interrogations rhétoriques sont également des procédés grammaticaux utilisés dans cette œuvre de Molière. Par exemple, dans l'éloge du tabac : « Sganarelle : Veux-tu qu'entre nous je te dise ma pensée ? », dans l'éloge de l'inconstance : « Dom Juan : Quoi tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? », ou encore, plus frappant encore, dans l'éloge de l'hypocrisie : « Dom Juan : Combien crois-tu que j'en connaisse qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d'être les plus méchants hommes du monde ? » Finalement, la question rhétorique permet aux protagonistes de mettre leur auditoire en situation d'inconfort, car ils n'ont pas de réponse à apporter pouvant démonter cet argument. [...]

[...] Ici, on comprend que Dom Juan connaît beaucoup de personnes hypocrites, c'est pourquoi il se permet de les citer en exemple, ce qui lui permet d'appuyer ses arguments. Utiliser des exemples dans une argumentation permettent donc de démontrer que le propos est réaliste, proche des réalités de la vie pratique, et ne relève donc pas de l'utopie ou de la dystopie. C'est donc un argument recevable et crédible. Enfin, le raisonnement du personnage énoncé au public peut amener le spectateur à la réflexion. Dans Dom Juan, Molière utilise entre autres le contre-exemple. [...]

[...] C'est donc, en plus d'être une réflexion, une critique de la société du XVIIe siècle. Dans ce cas, le raisonnement déductif permet de prouver la logique de l'argument, mais aussi d'éveiller les consciences. En définitive, les outils argumentatifs qui sont utilisés dans ces éloges paradoxaux pour emporter l'adhésion du spectateur sont de natures diverses, mais sont, de manière générale, soit des outils grammaticaux, soit des procédés argumentatifs visant à instruire le spectateur, ou encore un raisonnement des personnages, poussant le public à la réflexion. [...]

[...] On retrouve donc cet outil argumentatif dans l'éloge de l'inconstance : « On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre des transports [ ] », mais aussi dans celle de l'hypocrisie, ou il décrit l'attitude que l'on doit avoir lorsque l'on est hypocrite : « Je m'érigerai en censeur des actions d'autrui, jugerai mal de tout le monde, et n'aurai bonne opinion que de moi ». La description est donc un moyen de renforcer l'argument auquel elle est attachée, ce qui apporte donc de la crédibilité. [...]

[...] Enfin l'accumulation est un outil grammatical qui permet à Molière de convaincre le spectateur. Dans l'acte V scène 2 : « Dom Juan : Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel, et, [ ] je pousserai mes ennemis, je les accuserai d'impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui [ ] les accableront d'injures, et les damneront hautement de leur autorité privée ». Ou encore dans l'extrait de l'éloge de l'inconstance : « Dom Juan : [ ] tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? ». [...]