Représentant une phase importante de la lutte de Molière contre les dévots de la Compagnie du Saint-Sacrement, Dom Juan illustre un mythe occidental moderne (c'est une réflexion sur le libertinage et ses excès) qui dit le désir profond de liberté de l'individu, borné par des contraintes multiples nécessaires à la vie en société.
L'errance du héros et de son valet, entamée au début de l'acte afin de fuir les frères de Done Elvire, va les amener à rencontrer un pauvre que le libertin essaie en vain de faire blasphémer. Même si la fin de la scène va lui redonner un aspect un peu plus sympathique, cette rencontre insiste fortement sur le côté satanique de Dom Juan (...)
[...] Molière nous le présente comme un personnage qui indique le chemin du Bien à travers les embûches du péché : - c'est un ermite Il n'est pas rejeté par la société mais est pauvre par choix, ayant décidé de vivre en marge de la société et de renoncer aux biens matériels. C'est une véritable allégorie de la religion (De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose, lignes 15-16), préférant mourir que de blasphémer (Non, Monsieur, j'aime mieux mourir de faim, ligne 32). [...]
[...] T E X T E Acte III Scène 2. DOM JUAN, SGANARELLE, UN PAUVRE. SGANARELLE. Enseignez-nous un peu le chemin qui mène à la ville. LE PAUVRE. Vous n'avez qu'à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la forêt ; mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que, depuis quelques temps, il y a des voleurs ici autour DOM JUAN. Je te suis obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon cœur. [...]
[...] Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de prier le Ciel qu'il vous donne toute sorte de biens DOM JUAN. Eh ! prie-le qu'il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres. SGANARELLE. Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme : il ne croit qu'en deux et deux sont quatre et en quatre et quatre sont huit. DOM JUAN. Quelle est ton occupation parmi ces arbres ? 15 LE PAUVRE. De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose. DOM JUAN. [...]
[...] La critique de la société En effet, dans cette scène Dom Juan a tout de l'attitude du libertin du XVIIe siècle, c'est-à-dire qu'il ose s'affranchir des idées traditionnelles qu'il conteste. En cela, cette scène est provocatrice puisqu'elle s'oppose aux bases de la société d'alors. Conclusion Dans cette scène très célèbre malgré sa brièveté, au thème de l'impiété de Dom Juan, s'ajoute celui du sacrilège à travers le blasphème. Principal motif de la levée de boucliers des dévots lors de la création de la pièce, cette scène fit scandale et fut censurée. Elle est parfaitement représentative de certaines personnes ayant réellement existé à cette époque : les libertins de pensée. [...]
[...] je m'en vais te donner un louis d'or tout à l'heure, pourvu que tu veuilles jurer LE PAUVRE. Ah ! Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché ? DOM JUAN. Tu n'as qu'à voir si tu veux gagner un louis d'or ou non. En voici un que je te donne, si tu jures ; tiens, il faut jurer. LE PAUVRE. Monsieur ! DOM JUAN. À moins de cela, tu ne l'auras pas SGANARELLE. Va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal. DOM JUAN. [...]
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