Dom Juan (1665), acte 3 scène 1, Molière, commentaire de texte, Sganarelle, preuve de l'existence de Dieu, éloge de la bêtise, agnosticisme de Dom Juan, comique de geste, antiphrase, parodie du raisonnement philosophique
Il s'agit d'un extrait de la pièce "Dom Juan" de Molière, jouée pour la première fois en 1665. Le dramaturge a notamment écrit des comédies, il a suivi sa scolarité dans un collège jésuite, acquérant ainsi une éducation religieuse, puis il a fait des études de droit avant de fonder sa troupe de théâtre. Bien qu'apprécié et reconnu, y compris par le roi lui-même, ses pièces ne sont pas moins sujettes à de violentes attaques, en particulier celles qui abordent les sujets religieux. Ainsi la pièce Tartuffe, qui présente une critique de la dévotion, est interdite en 1664. C'est dans la perspective du remplacement de cette pièce que Molière conçoit Dom Juan en reprenant la figure de ce personnage libertin et séducteur qui était déjà apparu dans d'autres œuvres ("El Burlador de Sevilla" chez Tirso de Molina ou dans l'"Opéra Don Giovani" de Mozart).
L'immoralité du personnage, son agnosticisme tout comme la bêtise de son valet défenseur de la religion sont à nouveau très critiqués, on dénonce l'impiété de la pièce. Dès la deuxième représentation, Molière censure son texte et le spectacle n'est plus donné après la quinzième représentation, en dépit de son succès auprès du public. L'extrait se situe à la fin de la première scène de l'acte III, Don Juan a précipitamment quitté les paysannes qu'il était en train de séduire, car on est venu lui annoncer qu'il était recherché par des hommes.
[...] Comique de mot qui vient renforcer le comique de geste : Dom Juan a recourt à une hypallage (le nez cassé est celui de Sganarelle) pour souligner la dimension symbolique de la chute. Le démonstratif « voilà » insiste sur la constatation, Dom Juan se veut objectif, il garde une certaine réserve alors qu'il pourrait profiter de la situation pour tourner son valet en dérision. Ici encore, la parcimonie de ses interventions met en lumière la critique de la dévotion et sa position est légitimée, faute de critique convaincante. [...]
[...] « Je voudrais bien » : question rhétorique adressée à Dom Juan, il cherche à le persuader en soulignant l'absurdité de sa position rationaliste. « qui a fait ces arbres, ces rochers, cette terre et ce ciel » : poursuite de l'argument de la Création : en énumérant les éléments du monde, Sganarelle insiste sur leur diversité et leur grandeur. Et puisque ces phénomènes naturels sont réglés par des lois (l'arbre pousse par exemple), par effet de catachrèse il faut bien en induire un législateur : ce qui prouve l'existence de Dieu. [...]
[...] Problématique : En quoi cette scène présente une parodie des discours théologiques et philosophiques ? Le dialogue, qui se veut être une parodie d'argumentation, est ainsi précisément construit : « Ce que je crois l'arithmétique ? » = Après l'inquisition de Sganarelle, Dom Juan finit par formuler une thèse que Sganarelle tente d'interpréter, introduisant un premier contre-sens. « Il faut avouer tout seul en une nuit » = Sganarelle énonce les conditions de possibilités de son raisonnement, c'est-à-dire en vertu de quelle faculté propre lui qui n'a pas étudié peut produire un discours qui s'annonce savant. [...]
[...] Sa moquerie repose donc sur un contre-sens, ou du moins un manque de réflexion et une compréhension au sens premier de la proposition de Dom Juan, aussi l'effet comique est-il déplacé : en voulant se moquer de son maître il se ridiculise lui-même. En dépit de sa confiance et de sa prétention à produire un discours philosophique, on constate que cette intelligence nouvelle n'est qu'une apparence qui trompe le personnage lui-même, mais qui n'échappe ni au spectateur, ni à Dom Juan. [...]
[...] Ainsi la pièce Tartuffe, qui présente une critique de la dévotion, est interdite en 1664. C'est dans la perspective du remplacement de cette pièce que Molière conçoit Dom Juan en reprenant la figure de ce personnage libertin et séducteur qui était déjà apparue dans d'autres œuvres (El Burlador de Sevilla chez Tirso de Molina ou dans l'Opéra Don Giovani de Mozart). L'immoralité du personnage, son agnosticisme tout comme la bêtise de son valet défenseur de la religion sont à nouveau très critiqués, on dénonce l'impiété de la pièce. [...]
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