Représentant une phase importante de la lutte de Molière contre les dévots de la Compagnie du Saint-Sacrement, Dom Juan illustre un mythe occidental moderne (c'est une réflexion sur le libertinage et ses excès) qui dit le désir profond de liberté de l'individu, borné par des contraintes multiples nécessaires à la vie en société.
Dans la scène précédente, Sganarelle a présenté Dom Juan à Gusman, serviteur de Done Elvire, que le héros a épousée et quittée. Dans celle-ci le héros mythique paraît et va prôner les plaisirs de l'inconstance amoureuse (...)
[...] Dans celle-ci le héros mythique paraît et va prôner les plaisirs de l'inconstance amoureuse. Un éloge paradoxal de l'infidélité Une condamnation de la fidélité À plusieurs reprises, la tirade de Dom Juan souligne cette condamnation : - en donnant avec ironie une image dévalorisante de la fidélité qui repose sur une structure syntaxique ternaire, sous-tendue par un système clos de coordination : La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! [...]
[...] - en utilisant la métaphore du sommeil (nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, ligne 22). Ainsi, le jugement de Dom Juan donne de la fidélité un statut social ridicule : la constance n'est bonne que pour des ridicules (lignes 4-5). La glorification de l'inconstance Elle se fait par : - la valorisation de l'infidélité grâce au champ lexical de la guerre (réduire, ligne 16 [vocabulaire militaire pour vaincre, dominer ; combattre, ligne 17 ; rendre les armes, ligne 18 ; résistances et vaincre, ligne 19 ; honneur, ligne 20). [...]
[...] Il jouit d'une rhétorique parfaitement persuasive et sait trouver les rythmes incantatoires qui séduisent son interlocuteur. On peut chercher à interpréter cette attitude instable, dire que c'est une façon pour Dom Juan d'affirmer sa liberté, de ne jamais se laisser emprisonner par les règles de la pression sociale ou morale. Les romantiques du XIXe siècle se sont beaucoup intéressés au Dom Juan de Molière. Beaucoup ont voulu donner un autre sens à cette histoire, comme Musset qui imagine le libertinage de Dom Juan révélateur d'une quête d'idéal qu'il ne trouve jamais. [...]
[...] Une fois obtenue, la passion disparaît et c'est l'ennui (tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, lignes 21-22). - la comparaison à Alexandre (et comme Alexandre, ligne roi de Macédoine dont les conquêtes fulgurantes en ont fait l'archétype du conquérant. Elle amène Dom Juan à manifester une ambition délirante de mégalomanie, utilisant des hyperboles révélatrices d'une ambition démesurée. Conclusion Dom Juan ne s'intéresse ni au passé, ni à l'avenir de ses conquêtes. Il vit en permanence dans le présent. [...]
[...] T E X T E Acte premier Scène 2. DOM JUAN, SGANARELLE. [ ] DOM JUAN. Quoi ? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui 5 nous peuvent frapper les yeux ! [...]
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