Voltaire, dictionnaire
« Malgré la discontinuité de sa lecture, l'âpreté de sa critique et de ses diatribes, le Dictionnaire philosophique a une dimension foncièrement positive: à bien des égards, et de manière très cohérente, il propose avant tour des modèles. »
[...] L'ironie permet donc de créer une fausse adhésion pour mieux montrer les contradictions de l'adversaire. L'auteur récupère faussement le discours dévot pour mieux le miner, le détruire de l'intérieur en parodiant ses idées. Outre l'ironie, Voltaire utilise d'autres moyens pour montrer les contradictions et les incohérences du modèle de l'adversaire. Comme on l'a déjà vu, dans l'article Abbé il donne une parodie de définition étymologique Savez-vous bien qu'abbé signifie père? pour montrer l'écart entre l'état originel et l'état présent. Cela lui permet de détruire la notion de l'intérieur par un argument irréfutable par l'adversaire (l'étymologie). [...]
[...] En effet, son dictionnaire ne propose pas des articles classiques avant des définitions: il vise à saper les notions plutôt qu'à les définir. De plus, Voltaire pose beaucoup de questions et semble ne jamais donner de réponses. Il nous a donc semblé que loin de proposer des modèles, il invitait plutôt à une réflexion. Enfin, le véritable but de Voltaire dans cette oeuvre semble plus être la destruction du modèle adverse que la constitution d'un modèle propre. Pour ce travail de sape, son arme favorite est l'ironie, mais la gamme de ses moyens est très étendue. [...]
[...] Un des buts principaux de Voltaire à travers le Dictionnaire philosophique, et c'est pour le moins surprenant, est de fonder une morale. Il convient de rappeler la dimension moralisatrice du XVIIIè qui s'illustre par les contes philosophiques avec moralités, ou par les drames à portée morale. Avec son dictionnaire, Voltaire participe à sa manière à la fondation d'une morale. Avec son dictionnaire, Voltaire participe à sa manière à la fondation d'une morale. Il est bien évident qu'il ne s'agit pas de la morale conservatrice et catholique du pouvoir en place (au nom de laquelle le Dictionnaire philosophique sera d'ailleurs condamné) mais d'une nouvelle morale fondée sur une réflexion philosophique et sur les droits naturels de l'homme. [...]
[...] C'est parfois aussi dans la narration d'évènements que Voltaire fait apparaître les contradictions des dévots. Ainsi, dans l'article Abraham Voltaire rapporte les évènements racontés dans la Bible, mais sans y souscrire, car ils ont un caractère absurde. Pour mettre en évidence cette absurdité, il utilise un enchaînement sans lien logique, ce qui montre l'impossibilité d'une telle succession. Donc, même si Voltaire propose parfois un contre- modèle, son véritable but est avant-tout de critiquer le camp adverse, de détruire ss fondements, bref, écraser l'infâme Pourtant, à force de critiquer la position de l'adversaire, Voltaire finit par imposer sa propre position, et sa parole finit par confiner au dogmatisme. [...]
[...] Finalement, les articles du Dictionnaire philosophique posent des questions plus qu'ils ne proposent de réponses. Voltaire n'apporte jamais de définition ou de réponse claire: il pose des questions, soulève des problèmes pour amener le lecteur à s'interroger et à se créer sa propre opinion. Loin de suivre servilement un modèle, le lecteur soit au contraire participer activement à restituer le sens des articles. L'article Apis est un exemple frappant: on n'a pas de définition, ni de notice historique ou mythologique, mais l'article s'ouvre sur une série de questions qui s'enchaînent dans réponses. [...]
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