Commentaire du discours d'André Malraux au Panthéon le 19 décembre 1964 à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin.
[...] (André Malraux, Oraisons funèbres). - Commentaire composé - Ecrivain de renom, l'homme politique français André Malraux n'en est pas moins connu pour son célèbre discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon repris dans son ouvrage Oraisons funèbres. A l'époque ministre des Affaires Culturelles, son éloge pour Jean Moulin révèle ses souvenirs de résistant durant la Seconde Guerre Mondiale. Par son devoir de diffusion de la mémoire, il s'adresse ici aux auditeurs et cherche à les émouvoir. Il s'agira donc de se demander en quoi ce texte est un éloge et ce qui fait la singularité de ce discours. [...]
[...] Symbole de la grandeur de la France et du gaullisme, le manuscrit du discours est exposé au musée de l'Ordre de la Libération à l'Hôtel des Invalides ; ceci illustrant une Nation qui considère son peuple. La question qui se pose au fond est donc de savoir si la mémoire perdurera malgré les années. En effet, en 2008, le dernier poilu Lazare Ponticelli s'est éteint emportant ainsi les derniers témoignages d'une guerre mondiale. Que restera-t-il de notre histoire ? En tout cas, l'Histoire perdure d'elle-même. [...]
[...] La négation renforce l'idée que ce discours n'a pas pour objectif d'étaler des compliments et des flatteries immérités mais qu'il dressera le vrai portrait d'un homme droit. Le courage de Jean Moulin semble indéniable puisque aux portes de la mort, sous la torture, ses lèvres n'avaient pas parlé Il est celui qui n'a pas trahi, un personnage de confiance, avec un profond sens patriotique. Sa proximité avec le peuple français est notamment mise en évidence à travers l'évocation du chant liant les résistants : ce chant des partisans [ ] comme un chant de complicité qui fut pour Jean Moulin et tant d'autres français un chant de malheur Le discours de Malraux présente ainsi un personnage méritant et patriote à travers un registre volontairement pathétique, l'objectif étant d'émouvoir, de toucher les auditeurs. [...]
[...] Le ton de Malraux est, à ce moment-là, très pesant, très pathétique, mélange entre prières et rancune, comme un avertissement : Puisses-tu, cette fois, les entendre : elles (cloches) vont sonner pour toi André Malraux a réussi à faire passer le caractère honorifique de cet homme d'exception. En effet, à travers un registre pathétique, il est allé chercher le public avec de l'émotion et en l'impliquant dans l'histoire. Mais le but majeur de ce discours est avant tout le devoir de mémoire que le peuple français doit à ses héros morts pour la France, héros sans qui la France ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui. [...]
[...] L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le chant qui va s'élever maintenant, ce Chant des partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et les bois d'Alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de Rundstedt lancés de nouveau contre Strasbourg. Écoute aujourd'hui, jeunesse de France, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici. [...]
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