Commentaire composé sur Saturne, chanson de Georges Brassens.
[...] Vive Brassens ! Ce jugement lapidaire est cité par A. Bonnafé dans sa préface du Georges Brassens de la collection Seghers. Car Brassens est reconnu comme un vrai et grand poète, tout chansonnier qu'il soit et trouve sa place dans cette collection Poètes d'aujourd'hui à côté d'un Trenet, d'un Ferré, d'un Brel, de quelques autres. Brassens est en effet un de ces hommes qui réussissent le difficile mais enrichissant mariage de la poésie et de la chanson (Clouzet) Qui n'a pas fredonné La cane de Jeanne ne s'est attendri aux Sabots d'Hélène n'est s'est plus ou moins scandalisé . [...]
[...] Ton faussement désinvolte de la chanson L'expression de Brassens est à remarquer, tant elle atteint la poésie la plus délicate par la simple utilisation à peine transformée d'une phrase coutumière. Ainsi la chanson moderne rejoignant la complainte des troubadours et le chant populaire dont elle conserve l'octosyllabe, le couplet et le refrain, ou la peinture à peine transposée du quotidien, chère à Homère, trouve-t-elle les échos simples, courants, des inquiétudes de l'homme de la rue. Soutenue par le ton léger, chantant, de l'octosyllabe, aidée par un vocabulaire facile et de continuels jeux d'expression, elle rythme de sa musique fredonnée au jour le jour, un thème éternel et douloureux mais qu'elle semble traiter, par sa cadence même, avec une certaine désinvolture. [...]
[...] Il se dessine ainsi, la lippe grimaçante, frottant des semelles. C'est une caractéristique de la chanson moderne de donner à des personnages légendaires une apparence d'actualité banale. Même tendance dans les bandes dessinées où tel marchand gaulois de la Provinzia Romana prend sous la plumez d'Uderzo la tête du célèbre Escartefigues du film Marius de Pagnol. En partenariat avec www.bacfrancais.com Son action fatale Ici Saturne tue le temps ; mieux : Le temps tue le temps comme il peut ; pirouette verbale entre les deux utilisations différentes du même terme, et jeu de mots à partir, une fois de plus, d'une formule coutumière, de la langue de tous les jours. [...]
[...] Il joue à bousculer les roses, le temps tue le temps comme il peut. Cette saison, c'est toi ma belle, qui a fait les frais de son jeu Toi qui a payé la gabelle, un grain de sel dans tes cheveux. Toi qui a payé la gabelle, un grain de sel dans tes cheveux. C'est pas vilain les fleurs d'automne, et tous les poètes l'ont dit Je te regarde et je te donne mon billet qu'ils n'ont pas menti. Je te regarde et je te donne mon billet qu'ils n'ont pas menti. [...]
[...] Bien au contraire . Le poète en effet a beau savoir par cœur (toutes) les grâces de l'aimée, c'est toujours elle qu'il appelle par l'impératif, répété sous forme d'anaphore en tête de vers et de strophe : Viens encore viens . allié à la dénomination mi-taquine, mi-attendrie : ma favorite L'habitude, facteur de tendresse Dans bien des chansons populaires aussi, on descend . au jardin pour y cueillir du romarin ou y danser la capucine ; mais la vieille rengaine est transformée ici ; la tendresse qui se noue entre les deux membres d'un vieux couple perce sous le mot ensemble : Descendons ensemble au jardin En partenariat avec www.bacfrancais.com Ainsi évolue le sens de ces grâces sues par cœur : ce n'est pas la satiété ou la lassitude qu'elles évoquent, mais au contraire une connaissance tissée au cours des années ; et si les beautés de la femme ne suivent plus, comme autrefois, les canons traditionnels, l'amour y a gagné une vérité presque d'absolu. [...]
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