[...]
- Le mouvement rend compte de la mise au ban de la jeune fille et de ses conditions de vie au sein du couvent.
- Elle rappelle la privation de ses droits même les plus élémentaires. On notera ainsi l'utilisation constante de l'isolexisme du verbe "permettre" pris soit dans un contexte négatif ("Il n'est permis", "sans la permission") soit dans un contexte sémantiquement restrictif : "fut la seule qu'on me permît de recevoir".
- La multiplication de la conjonction négative "ni" accentue encore davantage la kyrielle d'interdictions qui scandent la vie conventuelle : "ni d'écrire ni de recevoir".
- Cette première phrase qui ouvre le mouvement est tout de même bien particulière tant l'accent est mis sur le caractère quelque peu carcéral de cette existence : "Il n'est permis en couvent ni d'écrire ni de recevoir des lettres sans la permission de la supérieure".
- Le présent, ici, semble avoir une valeur gnomique. Il s'agit d'un fait constaté et qui ne saurait être remis en cause : "il n'est permis", "on lui remet", "on reçoit", "on écrit". Le passage immédiat à l'imparfait corrobore ce point.
- La privation et la soumission sont au coeur de la vie conventuelle. L'auteur tend à mettre en lumière ce point : "il fallait", "m'ordonna", "on voudrait", "on venait de m'interdire", "soumission".
- Ce mouvement souligne la claustration dont est victime la narratrice. Elle est constamment seule et isolée. La construction phrastique ne ment pas. On a constamment Suzanne d'un côté, seule et identifiable par l'utilisation du pronom de première personne et, de l'autre, les autres soeurs désignées constamment ou presque par le pronom indéfini "on" qui donne au lecteur une impression de groupe, de masse inquiétante : "je frappai, on ouvrit", "à me condamner à tout ce qu'on voudrait", "on venait de m'interdire", "on me laissa", "qu'on me permît".
- L'isolement et la mise au ban ne sont pas les seuls points douloureux dont la narratrice fait mention. Elle rend également compte de la violence du silence. Tout se passe sans aucune communication qu'il s'agisse de communications visuelles, auditives ou encore physiques (...)
[...] - L'entreprise, la volonté de détruire la jeune religieuse, on le voit, semble fonctionner. Il ne lui reste rien pas même l'espoir. Le polyptote est présent à plusieurs reprises et toujours pris dans une tournure marquant sa disparition : privée de l'espérance (ligne je n'espère rien l'espérance de le quitter que j'ai perdue (ligne 83). L'espoir, ce seul ressort qui [lui] restait (ligne 81) est brisé Le verbe relève, affirme, appuie même si cela n'était pas nécessaire l'entreprise de démolition, de destruction, d'anéantissement de l'être. [...]
[...] Je ne demande point à Dieu d'amollir le cœur de celles à la discrétion desquelles il lui plaît de m'abandonner, mais de m'accorder la force de souffrir, de me sauver du désespoir, et de m'appeler à lui promptement. Madame, me dit-il en pleurant, vous auriez été ma propre sœur que je n'aurais pas mieux fait Cet homme a le cœur sensible. Madame, ajouta-t-il, si je puis vous être utile à quelque chose, disposez de moi. Je verrai le premier président, j'en suis considéré ; je verrai les grands vicaires et l'archevêque. Monsieur, ne voyez personne, tout est fini. Mais si l'on pouvait vous faire changer de maison ? Il y a trop d'obstacles. [...]
[...] La construction phrastique ne ment pas. On a constamment Suzanne d'un côté, seule et identifiable par l'utilisation du pronom de première personne et, de l'autre, les autres sœurs désignées constamment ou presque par le pronom indéfini on qui donne au lecteur une impression de groupe, de masse inquiétante : je frappai, on ouvrit à me condamner à tout ce qu'on voudrait on venait de m'interdire on me laissa qu'on me permît - L'isolement et la mise au ban ne sont pas les seuls points douloureux dont la narratrice fait mention. [...]
[...] —Madame, chargez-moi seulement de cette affaire; j'y serai plus heureux. ne demande rien, je n'espère rien, je ne m'oppose à rien, le seul ressort qui me restait est brisé. Si je pouvais seulement me promettre que Dieu me changeât, et que les qualités de l'état religieux succédassent dans mon âme à l'espérance de le quitter, que j'ai perdue . Mais cela ne se peut; ce vêtement s'est attaché à ma peau, à mes os, et ne m'en gêne que davantage. [...]
[...] Le couvent n'est rien d'autre qu'une prison : passer toute sa vie à se frapper la tête contre les barreaux de sa prison ! Idée d'ores et déjà présente dans le mouvement 1 sous couvert d'une comparaison qui semblait encore innocente, ici, elle est donnée au grand jour. Ce qui semblerait n'être qu'une expression se taper la tête contre les barreaux est pourtant à prendre au sens propre. En effet, l'enfermement, la privation de toute intimité, la soumission sont, pour Diderot, des conditions contre-nature et propices à la manifestation de la folie. [...]
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