Dissertation de Littérature relative à Jacques le Fataliste de Denis Diderot et ayant comme sujet : "A quel(s) genre(s) rattacheriez-vous Jacques le Fataliste ?".
[...] C'est sa complexité-même qui rend difficile pour le lecteur l'identification de cette œuvre à un genre précis : du quel est-elle le plus proche ? Elle mêle théâtre, conte et roman à la fois. Jacques le Fataliste s'apparente tout d'abord à une pièce de théâtre de par son énonciation : une certaine oralité se dégage de la narration, qu'elle soit assumée par l'auteur lui-même, par différents protagonistes même. En effet, les personnages de l'histoire sont souvent expressifs, et il n'y a pas d'ambiguïté dans ce qu'ils disent ; Jacques et l'hôtesse de l'auberge du Grand Cerf aiment raconter, et sont les principaux vecteurs de la parole, tandis que le maître, par exemple, ne parle vraiment que de ses amours précisément quand Jacques en est empêché par un mal de gorge. [...]
[...] On peut donc le faire appartenir au genre du roman de voyage, voire picaresque. Cependant, Jacques n'est pas exclu de la société comme le picaro, et il n'y a pas dans ce récit de longues descriptions psychologiques ou physiques, comme c'est le cas du Don Quichotte de Cervantès. Un roman libertin ? Certes, le libertinage est un élément développé plusieurs fois par Diderot, mais ne constitue en rien l'ensemble de l'œuvre. Quant au roman historique, Diderot s'en amuse en jouant avec la chronologie avérée par sa fiction (l'histoire se passe manifestement entre 1745 et 1762, dates de deux batailles auxquelles il est fait allusion Fontenoy et Port Mahon mais dans le désordre). [...]
[...] Mais il porte aussi sur des thèmes majeurs du XVIIIème siècle : le libertinage, la fidélité contre nature, la liberté et le déterminisme Par là, certains passages de Jacques le Fataliste ressemblent à des contes philosophiques, bien que Diderot nie cette filiation (il parle d' impasse à la Voltaire critiquant certainement Micromégas, Candide ou Zadig). De plus, un roman de plus de 300 pages ne correspond pas au genre du conte, concis et simple, alors que l'œuvre de Diderot est si complexe et éclatée. Jacques le Fataliste, roman ? [...]
[...] L'œuvre n'est, ainsi pas exempte de coups de théâtre (le marquis des Arcis pardonnant à mademoiselle d'Aisnon démasquée, qu'il épouse de surcroît). Le caractère comique est également indéniablement présent tout au long de l'œuvre de Diderot ; du vaudeville du pâtissier, de sa femme et du prêtre aux chirurgiens stéréotypés à l'extrême, en passant par des jeux de mots scabreux sous-entendus par l'auteur sur le sens de baiser au moment où Denise soigne Jacques (à la fin), le comique de geste, de caractère et de langage y sont. [...]
[...] Il s'en moque même en mettant en scène l'épisode des brigands, farfelu et trépidant à souhait, à l'image de la quatrième journée dans son intégralité. Jacques le Fataliste pourrait donc se rattacher malgré tout au genre du roman, dont Diderot fait le procès, tout en essayant par cette œuvre de le renouveler par l'originalité de sa mise en place et de sa structure riches et complexes, mêlant tous les genres à la fois. Plus qu'un antiroman, un roman nouveau ? [...]
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