Commentaire entièrement rédigé d'un extrait du Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot : chapitre 3 avec Orou et l'aumônier.
[...] DIDEROT Supplément au Voyage de Bougainville Chapitre III L'aumônier répondit que sa religion, son état . Mais ma religion ! Mais mon état ! Orou est l'hôte de l'aumônier européen. Selon, la coutume de Tahiti, il propose à l'homme d'église de passer la nuit avec l'une des autres femmes de la maison, plus particulièrement Thia, sa plus jeune fille, qui n'a pas eu encore d'enfant. Dans cet extrait, Orou va tenter de convaincre l'aumônier qu'il a tort de refuser sa proposition. [...]
[...] Tous ces arguments sont juxtaposés selon une gradation croissante : du bien- être individuel au bien-être social et collectif, ce dernier ayant plus de force. A la religion de l'aumônier que Orou juge contraignante, il oppose la souveraine maîtresse la nature. Ce qui constitue les valeurs tahitiennes, c'est de suivre ce qui est bon et utilise pour les hommes, individuellement et collectivement. Elles ne s'embarrassent pas de contraintes qui éloignent l'homme de la nature. B L'état de l'aumônier Orou utilise les mêmes procédés que pour sa première réfutation. [...]
[...] Il cherche à convaincre l'aumônier d'adopter les mœurs tahitiennes tant qu'il est à Tahiti : Je ne te propose pas de porter dans ton pays les mœurs d'Orou, mais Orou, ton hôte et ton ami, te supplie de te prêter aux mœurs d'Otaïti La phrase est structurée selon une opposition qui respecte un parallélisme. Orou signifie ainsi qu'une civilisation n'est pas supérieure à une autre. Il utilise le langage de la persuasion pour toucher l'aumônier, il emploie un vocabulaire de l'affectivité : ton hôte et ton ami supplie Il procède à une évaluation comparative des deux civilisations, sur le thème de la sexualité. La première phrase interrogative respecte le balancement de l'alternative meilleures ou les mauvaises qui montre une recherche d'équité dans le raisonnement. [...]
[...] Mais il ne cherche pas à juger les mœurs de Tahiti par celles de Paris et réciproquement, les besoins pratiques pouvant ne pas être les mêmes. Les questions auxquelles Orou donne lui-même les réponses révèlent la vision que lui et son peuple se font de la sexualité ; pour eux, elle a un caractère non seulement naturel mais aussi nécessaire ; elle a une fonction procréatrice ; elle dépend des ressources démographiques et nourricières d'une société. La réglementation des mœurs sexuelles n'est pas séparable d'une situation géographique, politique et économique donnée. [...]
[...] Il partage avec le Tahitien plusieurs valeurs : suivre les coutumes du pays où l'on est, défendre un code social qui respecte la nature de l'homme. Il dénonce un code religieux fait de contraintes anti-naturelles et pas là inhumaines. Il invite à la mobilité, il incite à la tolérance, à la fraternité, à la réconciliation de tout ce qui, en nous, se contredit. Et l'aumônier, si rigide au début sur ses principes, fait finalement suffisamment preuve d'humanité pour s'adapter aux mœurs de Tahiti, pressé par l'incitation ferme mais amicale d'Orou et sa famille. [...]
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