François Marie Arouet, dit Voltaire, est un écrivain et philosophe emblématique des Lumières, inventeur du conte philosophique, défenseur de Calas, qui inaugura la figure de l'intellectuel épris de vérité, de justice, de liberté de penser, et de tolérance, et fut farouchement engagé dans la lutte contre l'"infâme", l'obscurantisme, le fanatisme religieux, et la censure. En 1763, il publie le Dialogue du chapon et de la poularde, un apologue qui s'apparente aux contes qu'il a écrits à la fin de sa vie pour dénoncer les injustices et les inégalités fréquentes et déplorées au 18ème siècle. Ce dialogue didactique met en scène deux volailles qui sont sur le point d'être tuées pour être mangées et stigmatise la cruauté et l'hypocrisie des hommes. Comment progresse le dialogue pour servir la thèse de l'auteur ? Il conviendra d'analyser sa progression en s'appuyant sur l'étude du rôle de chacun des personnages dans un premier temps, pour déterminer la thèse qui se dégage de ce texte dans un second temps.
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La conversation entre les deux animaux débute par une présentation des faits qui constitue en quelque sorte l'introduction : le coq a été fait chapon, la poule, poularde, et tous deux se plaignent et expliquent les raisons de ces amputations, à savoir principalement la gourmandise et la cruauté des hommes. Le dialogue est assez vif et rapide, les répliques sont courtes et leur registre est comique : c'est la poularde qui s'indigne et pose les questions tandis que le chapon qui détient le savoir y répond. La satire, déjà mise en place au début de l'extrait avec l'évocation de la conversation entendue par le chapon entre deux prêtres castrés pour le seul plaisir du pape et d'un chant religieux pur, se poursuit un peu plus loin tandis que le chapon s'appuie de faits historiques prouvant que les hommes aussi se mutilent entre eux. Les exemples qu'il invoque sont toujours tirés de la conversation entre les deux abbés castrés : ainsi, "les empereurs chrétiens et grecs", Débonnaire, les massacres qui sentent le bûcher et les Juifs et leur prétendu cannibalisme sont évoqués (...)
[...] Il est certain que l'écrivain ne pense pas, comme la poularde, qu'il serait juste qu'une espèce si perverse (l'espèce humaine) se dévore elle même, et que la terre soit purgée de cette race ou que les juifs seraient ou auraient été cannibales, comme semble l'insinuer le chapon. En effet, l'humanisme est la valeur fondamentale portée par les philosophes, de même que l'antisémitisme est un sujet qu'ils combattent. Conclusion Ce dialogue plaisant et amusant s'assimile donc à un apologue porteur d'une critique de l'homme en adéquation avec les principes des Lumières. Celui-ci a le mérite de les réaffirmer efficacement, au même moment où les encyclopédistes rédigent et publient leur ouvrage. [...]
[...] Ce dialogue didactique met en scène deux volailles qui sont sur le point d'être tuées pour être mangées et stigmatise la cruauté et l'hypocrisie des hommes. Comment progresse le dialogue pour servir la thèse de l'auteur ? Il conviendra d'analyser sa progression en s'appuyant sur l'étude du rôle de chacun des personnages dans un premier temps, pour déterminer la thèse qui se dégage de ce texte dans un second temps. La progression du dialogue Ce dialogue, constitué de répliques du chapon et de la poularde, progresse essentiellement grâce aux questions de celle-ci. [...]
[...] Son sujet, ainsi que la portée de sa critique, tendent aussi à s'élargir au fil de l'entretien. La présentation des faits La conversation entre les deux animaux débute par une présentation des faits qui constitue en quelque sorte l'introduction : le coq a été fait chapon, la poule, poularde, et tous deux se plaignent et expliquent les raisons de ces amputations, à savoir principalement la gourmandise et la cruauté des hommes. Le dialogue est assez vif et rapide, les répliques sont courtes et leur registre est comique : c'est la poularde qui s'indigne et pose les questions tandis que le chapon qui détient le savoir y répond. [...]
[...] Il clôt enfin sa remarque par un exemple argumentatif qui précède une conclusion. Pour terminer, le dialogue redevient dynamique avec des répliques courtes et comiques : en effet, après avoir raisonné et disserté, il est temps maintenant pour les deux poulets de mourir . Cet extrait présente donc les traits caractéristiques de l'apologue en captant l'attention de son lecteur par un dialogue argumentatif tantôt vif et plaisant, tantôt plus épais, qui le fera rire autant que penser et raisonner. II) La thèse qui se dégage du texte La thèse qui se dégage de ce texte et qui est soutenue par la poularde et le chapon peut être résumée dans la dernière parole de celui-ci qui clôt le résonnement (à condition d'y apporter quelques précisions) : Je ne crois pas qu'il soit possible d'imaginer une espèce plus ridicule à la fois et plus abominable, plus extravagante et plus sanguinaire [que l'espèce humaine]. [...]
[...] Ces deux tirades équilibrées développent un raisonnement : elles comportent une structure argumentative. En effet, la poularde part de l'anecdote d'un sermon entendu _ un exemple argumentatif_ pour raisonner sur les contradictions des hommes qui s'exercent au niveau des lois religieuses et de leur consommation de viande: l'observation des faits, rendue par J'entendais l'autre jour ou visiblement est donc la base de son argumentation. Puis, le chapon lui répond par un discours plus théorique sur le rapport entre les lois et les injustices des hommes qui élargit la discussion et montre l'ampleur de leur perversité. [...]
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