Dans son livre « Devenir soi » publié chez Fayard en 2014, Jacques Attali tente de brosser le chemin vers une forme de libération qui consiste à prendre la mesure de sa liberté et à en user de manière à orienter sa vie, à construire son destin, plutôt qu'à attendre dans une relative passivité qu'une main se tende d'en haut. Ce livre, d'après ses dires, est le fruit d'une prise de conscience de l'impuissance des politiques, ou plutôt d'une résignation de ces derniers, dans un contexte démocratique où l'exigence du court terme – la prochaine élection – occulte toute vision d'avenir.
[...] Ils cherchent en quoi ils sont uniques. Ils se forgent une utopie et cherchent à la réaliser. Ou plus modestement ils décident de se prendre en main et de ne plus rien attendre de personne. Ni emploi ni épanouissement. Ils tentent de devenir eux-mêmes. Ils réussissent ou ils échouent. Ils sont libres en essayant. Jacques Attali insiste sur le fait que chacun dispose d'une part de liberté, même le plus humble des hommes. Faible, démuni, écrasé par les forces qui se disputent le monde, chacun peut se libérer des déterminismes asservissants, résister grâce à l'exercice de la raison. [...]
[...] De devenir créateur de sa propre vie. Jacques Attali propose un chemin en 5 étapes pour parvenir à devenir soi Il faut d'abord prendre conscience de son aliénation : Cela nécessite un événement extérieur ou intérieur, choc ou évolution lente. Dois suivre une pause un moment de retour sur soi, de méditation, de réflexion profonde. Pendant cette pause, on parcourt un chemin en 5 étapes : Comprendre les contraintes imposées à sa vie par la condition humaine, par les circonstances et par les autres. [...]
[...] À nous d'en écarter les murs. C'est encore Blaise Pascal qui compare la liberté de tout homme avec celle du paysan : sa récolte dépend de son travail autant que de la pluie et de la fertilité de son champ, qui lui échappent. Mais faire un tel pari ne va pas de soi. Beaucoup se résignent à n'être toute leur vie que ce que les autres ont décidé. Ils mènent l'existence que les autres, ou les hasards ont tracée pour eux là où ils sont nés. [...]
[...] Les hommes politiques, Jacques Attali les connaît bien. Il est ami avec Nicolas Sarkozy comme avec François Hollande. Pourtant il le juge avec une dure lucidité : des hommes politiques plutôt que des hommes d'État. Leur volonté de plaire, d'être populaires les engage à promettre, à faire rêver, pour ensuite affronter une réalité contraignante qui ne leur permet pas de tenir leurs engagements. D'où leur impopularité. Ce qu'ils devraient faire selon Jacques Attali. Oublier l'élection. Oublier le court terme. Voir loin. Voir grand. [...]
[...] Il brosse un tableau volontiers noir de la réalité du moment. C'est son habitude : feindre le pessimisme pour mettre en garde avant de donner des solutions possibles. Il invite ainsi le lecteur, face à la dureté du monde, à se prendre en main, à se faire confiance, à s'engager sur le chemin du devenir soi Le constat et sans appel : accroissement de la violence dans le monde, croissance en berne à la surface du globe, politiques qui se contentent de gérer le quotidien et de colmater les brèches. [...]
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