A la fin du roman, Les cloches de Bâle, Aragon annonçait : « la femme des temps modernes est née, et c'est celle que je chante. Et c'est celle que je chanterai. » Cette chanson c'est la chanson de Bérénice. A l'origine, donc on peut penser que tout le roman devrait être semblable à l'épilogue, qui oppose vigoureusement l'homme du passé, Aurélien, et la femme de l'avenir, Bérénice. Cependant tout se passe comme si le plaisir d'écrire et aussi celui de se tourner vers son passé de jeune poète révolté avaient pris le pas sur la thèse. Il convient donc de s'intéresser à l'étude des personnages dans ce roman, et plus particulièrement à Aurélien et Bérénice qui en sont les personnages principaux.
Le roman expose une histoire d'amour écrite comme un défi entre deux êtres que tout sépare. Pourtant nous verrons que l'intensité du sentiment va les unir. Dissemblables et si ressemblants à la fois, Aurélien et Bérénice semblent porter dans leurs relations un principe fondateur du roman : le jeu sur les contraires.
[...] La femme est autre chose page 144, ailleurs page 134. On peut se demander si l'on ne retrouve pas, en Bérénice, Ophélie de Rimbaud. Ophélie reprend le thème shakespearien de l'héroïne d'Hamlet. Dans Hamlet, l'héroïne de Shakespeare est amoureuse du prince, mais incapable de comprendre sa folle quête de la vérité, finit par sombrer dans la folie, quand elle se croit abandonnée de son amant, et par se noyer de désespoir. Ophélie, femme délaissée amoureuse d'un prince qui devient folle et se noie de désespoir. [...]
[...] Ce personnage est avant tout mystérieux. Aurélien sera très étonné quand Edmond dira que vivre avec elle c'est mettre l'enfer chez soi page 332. En effet, personne n'est plus réservé que cette provinciale. Cependant ce qui fait d'elle un être exceptionnel, c'est son goût de l'absolu que l'on découvre au chapitre XXXVI. Cette passion si dévorante la rend pire qu'un meurtrier Bérénice apparaît à Aurélien comme une meurtrière par son goût de l'absolu De plus, sa voix concentre une vertu singulière, quelque peu prenante : elle immobilisait les paroles naissantes d'Aurélien avec des mots sans force, amis, qui avaient le charme de sa voix page 211. [...]
[...] Peut-être est-ce qui expliquait ses deux visages, cette jour et cette nuit qui paraissaient deux femmes différentes. Bérénice montre bien deux visages. Bérénice est une femme-enfant innocente, mais infernale. Le second visage Bérénice est donc celui de cette enfant [ ] innocente Or ce visage renvoie à la mort, car c'est celui du masque. Morte, Bérénice aux yeux fermés n'est plus une femme mais c'est ainsi qu'Aurélien la sent plus présente. C'est ainsi qu'elle demeure insaisissable à Aurélien. Trop de sens, Bérénice resterait fondamentalement inconnue à Aurélien : Il ne savait rien d'elle une inconnue. [...]
[...] Toutefois, malgré la satisfaction qu'il éprouve à chanter lors du banquet des anciens combattants, il n'aime pas parler de la guerre et ressent un embarras extrême quand Fuchs vient l'aborder alors qu'il se trouve au restaurant avec Bérénice, au chapitre XXXIV. C'est que la guerre lui a laissé un sentiment de honte. Aurélien garde le souvenir en lui de ceux qui étaient morts de ses mains page 41. D'ailleurs, la victoire est vue comme les restes d'un combat sans honneur page 30. [...]
[...] Les deux personnages centraux dans Aurélien d'Aragon A la fin du roman, Les cloches de Bâle, Aragon annonçait : la femme des temps modernes est née, et c'est celle que je chante. Et c'est celle que je chanterai. Cette chanson c'est la chanson de Bérénice. A l'origine, donc on peut penser que tout le roman devrait être semblable à l'épilogue, qui oppose vigoureusement l'homme du passé, Aurélien, et la femme de l'avenir, Bérénice. Cependant tout se passe comme si le plaisir d'écrire et aussi celui de se tourner vers son passé de jeune poète révolté avaient pris le pas sur la thèse. [...]
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