Dans ce poème, le sujet lyrique s'adresse directement à la femme aimée. La déclaration du "je" au "tu" crée une intimité tangible. "Je" n'hésite pas en effet à dévoiler son attirance physique pour celle à qui il s'adresse. Il évoque les parties de son corps ("cette bouche", "ton front et tes lèvres") et le plaisir qu'elles lui procurent (...)
[...] En effet, le poète se propose, en dernière instance, d'être "fantôme parmi les fantômes", pour rejoindre celle avec qui il a "tant marché, parlé, couché", c'est à dire le "fantôme" de la femme aimée ("ton fantôme"). Ainsi, la rencontre impossible dans le réel, est possible parmi les ombres. Or, qu'est-ce que ces ombres sinon les personnages sans chair, suscités par les mots sur le papier ? Qui d'autre que la poésie peut rendre tangible cet univers onirique dans lequel seul les deux êtres peuvent s'unir. Le rêve est ce trait d'union entre le et le tant rêvé de toi") ? B. [...]
[...] L'éternité se lit aussi dans la symétrie du poème autour de la phrase nominale balances sentimentales". De part et d'autre de cette phrase charnière, deux refrains, mais aussi deux modalisateurs de doute ("peut- être", "sans doute", "sans doute", "peut-être"), disposés en chiasme. Ainsi, le poème est conçu comme un miroir, chaque moitié renvoyant éternellement à l'autre, dans un jeu de reflets infinis. La "balance" n'est donc plus la fragilité des deux amoureux qui se croisent sans se rencontrer mais le mouvement perpétuel du pendule bien réglé. [...]
[...] Il évoque les parties de son corps ("cette bouche", "ton front et tes lèvres") et le plaisir qu'elles lui procurent. Ce plaisir touche presque tous les sens : l'ouïe, avec l'évocation "de la voix qui lui est chère" ; la vue, avec "l'apparence réelle" de la femme ; le toucher surtout, qui s'exprime dans une série de verbes qui ressuscitent des attouchements sensuels ("atteindre", "baiser", "étreignant", "toucher ton front et tes lèvres"). L'adresse directe à la femme permet au poète de lever le voile de son intimité sans exhibitionnisme. [...]
[...] Les formules sont nombreuses pour indiquer la brièveté de l'amour : de l'interrogation ("est-il encore temps [ . ] au constat n'est plus temps"). Transition : Le poète semble se déclarer et évoquer son amour dans une complicité avec le lecteur. Pourtant, l'amour réel déçoit : il oscille entre le doute et l'angoisse de la fin. Ainsi l'amour ne semble s'épanouir que dans l'écriture et non dans la réalité. II - La poésie, pour construire un amour véritable et durable A. [...]
[...] Dans "J'ai tant rêvé de toi", le poète s'adresse directement à la femme aimée en un poème prose, composé de courts paragraphes. Nous verrons, dans un premier temps, que ce poème peint un amour fragile, puis nous verrons que seule la poésie peut construire un amour véritable et durable. Texte : J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant Et de baiser sur cette bouche la naissance De la voix qui m'est chère? [...]
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