Nécessité morale d'affirmer la liberté humaine et impossibilité de nier l'existence des déterminismes conduisent inéluctablement à un paradoxe que Descartes, un des philosophes les plus remarquables du 17eme siècle, tente de résoudre dans ce texte en situant la liberté dans l'exercice raisonné de la volonté (...)
[...] Toutefois, le raisonnement de Descartes s'appuie sur un ensemble de présupposés discutables et auxquels d'autres auteurs se sont opposés : le texte suppose d'une part que l'homme ait toujours conscience d'être déterminé lorsqu'il l'est, afin qu'il puisse déroger aux déterminismes, et d'autre part de n'être déterminé que moralement (par le biais de son entendement). De plus, Descartes identifie libre arbitre et liberté, ce que certains philosophes contestent. Le principal opposant (de son siècle) à la pensée cartésienne se trouve peut être en la per-sonne de Spinoza. Selon lui, la liberté de la volonté n'est qu'une chimère. [...]
[...] Toutefois, l'entendement consistant en l'exercice de la raison et du jugement basé sur des connaissances, ce dernier se trouve inévitablement limité. Lorsque l'entendement ne désigne aucune des possibilités d'un choix comme vraie ou conforme à l'idée de Bien, alors l'homme se trouve dans une situation d'indétermination. Selon Des-cartes, la volonté est l'unique moyen de s'en extraire, idée qu'il exprime également en rédigeant la troisième maxime de sa morale provisoire : être ferme et résolu en chacune de nos décisions Mais si le désir, tout comme la volonté, permet la décision, ces deux termes distincts s'opposent à la fois par leurs origines et par leur capacité à durer : autant le désir, même conscient, est spontané et changeant, fruit des pulsions ; autant la volonté émane de la réflexion et se doit d'être ferme et implacable. [...]
[...] Enfin, une philosophe plus récente, Hannah Arendt, en associant liberté et politique, et donc liberté et droits, bouleverse l'ensemble des théories portant sur le développement de la liberté intérieure : la liberté en tant que fait et non comme problème, selon elle, est une affaire publique basée sur l'échange et l'extériorisation. Le libre arbitre n'en serait qu'une conséquence possible. Descartes en revanche se focalise sur la liberté individuelle intérieure et abandonne la recherche de liberté collective extérieure, refusant ainsi la prise en charge par sa philosophie de tout ce qui pourrait toucher à la dimension politique. [...]
[...] La notion d'indifférence négative recouvre selon Descartes l'ensemble des cas où l'homme est libre de décider sans y être déterminé par aucun motif ni mobile. Cette impartialité qui conduit à l'hésitation doit donc selon lui être levée par la volonté. Selon l'auteur, l'homme qui se trouve face à un choix réel, c'est à dire lorsque son juge-ment n'est pas explicitement guidé par l'évidence, ne peut décider qu'en faisant l'usage de sa volonté : cet argument de bon sens se justifie par l'expérience collective. [...]
[...] Ainsi, les recherches scientifiques pures au-raient pour but la libération de l'homme, puisque la connaissance des lois naturelles, si elle ne les sup-prime pas, permet de ne plus en souffrir et de les exploiter. Là encore, la pensée d'Engels contredit les idées cartésiennes d'indifférence et de volonté infinie : L'homme étant sans cesse soumis à des déterminismes auxquels il ne peut déroger et dont il n'a pas systématiquement conscience, alors l'état d'indifférence n'est qu'une illusion, et celui qui croit vouloir librement n'est qu'un ignorant incapable de réaliser sa propre servitude. [...]
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