Derrière le dos de Dieu, Zsigmond Moricz, trivial, satire, théâtre, parodie, curiosité, narration, convention sociale
L'extrait du roman de Zsigmond Mòricz Derrière le dos de Dieu donne à voir la réaction des habitants d'une petite ville à l'annonce du scandale de la mort du jeune juge récemment arrivé en ville. Les personnages y sont tour à tour atterrés ou curieux, et il règne une atmosphère de forte effervescence qui contraste avec le calme manifestement habituel de la ville. La discussion, relativement décousue compte tenu des circonstances, permet de discerner un certain goût du sensationnel - voire du macabre - chez les personnages, de sorte que nous nous demanderons dans quelle mesure cet extrait constitue de la part de l'auteur une représentation du trivial, à l'image d'ailleurs de l'oeuvre dont il est tiré.
[...] Alors que cette précision constitue déjà une indélicatesse compte tenu des circonstances, le "monsieur roux" s'esclaffe et plaisante "oh . Oh . Et pourtant quel coureur de jupons ce fut autrefois" (ligne 47, Derrière le dos de Dieu, 1996), en faisant référence à celui qui est pourtant désormais le meutrier de sa femme. Par conséquent, ce décalage grandissant entre la teneur des propos et la réalité des faits crée un effet de distanciation de l'auteur vis-à-vis de ses personnages et, par la même occasion, un effet comique de satire. [...]
[...] La parole est ainsi mise en scène par l'usage de nombreuses exclamations qui renforcent la dynamique de la scène : "quelle révolution " (Ligne 1 Derrière le dos de Dieu, 1996). De la même manière, le premier dialogue est constitué de répliques qui s'entre-coupent, permettant ainsi de mettre en exergue l'annonce de la nouvelle et de la dramatiser. Ainsi, le commentaire "il ne s'y assoira plus" (ligne Derrière le dos de Dieu, 1996) crée un effet de suspens auprès des personnages qui n'ont pas encore appris le décès du juge. [...]
[...] Alors que l'on pourrait attendre des réactions dignes - ou à tout le moins discrètes - les personnages se rassemblent dans un lieu de sociabilité et évoquent ouvertement les personnes concernées par le drame. Pour renforcer cette dénonciation moqueuse, l'auteur a recours à une théatralisation du récit qui permet de rendre encor eplus visible le caractère inconvenant du comportement des personnages. En cela, cet extrait constitue une satire lucide et humaniste de la petitesse dont se montre parfois capable la société. [...]
[...] Un événement inattendu qui bouleverse l'ordre établi d'une société de notables Le caractère vaudevillesque est attesté par la nature du scandale, qui est spécifiée dans le passage précédent l'extrait : un juge est mort accidentellement en tentant de s'échapper de la maison du notaire dont il courtisait la femme. Le mélange du tragique et de la comédie donne par conséquent à l'extrait une tonalité grotesque, bouffonne presque, qui permet de mettre l'accent sur le très grand intérêt que les habitants portent à la nouvelle. [...]
[...] Mon ami, la ville est sens dessus dessous " (Ligne Derrière le dos de Dieu, 1996) illustre le caractère hautement inhabituel d'un tel événement. Ici, la description qui est faite de la ville est de ses habitants permet de voir le caractère très bourgeois et notable de l'organisation : l'espace est structuré par "le terre-plein de la mairie" (ligne Derrière le dos de Dieu, 1996) et le statut social des personnages principaux, typique de la société du 19ème siècle : un juge, un notaire, un instituteur, le secrétaire d'état-civil, etc. [...]
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