Le Dernier Jour d'un condamné est un roman bref (moins de cent pages), publié en février 1829, d'abord de manière anonyme. Le succès exigera rapidement de nouvelles éditions où l'auteur se dévoilera - un écrivain de vingt sept ans déjà célèbre, V.Hugo ? et, dans une longue préface en 1832, expliquera a posteriori son projet.
Problématique et plan :
L'originalité, non seulement politique et morale, mais surtout littéraire de l'oeuvre apparaît dès le chapitre I. Le romancier nous plonge immédiatement dans un monde clos. Pour faire partager au lecteur la situation inédite du condamné qui décrit lui-même sa fin prochaine, V.Hugo utilise le procédé très efficace du monologue intérieur. L'incipit exprime aussi le cri d'horreur que constitue ce plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort.
1er axe) Un monde clos :
La clôture de l'univers qui nous est présenté est à envisager, non seulement au sens spatial de monde fermé qui n'offre pas d'échappatoire, mais aussi du point de vue temporel avec la tyrannie du présent. Double enfermement qui est confirmé dans la structure même du texte.
1ère idée directrice : un espace restreint :
Le champ lexical de la clôture envahit ce premier chapitre : le terme « cachot » est répété trois fois (lignes 20-33-45) et prolongé par ses synonymes « prison » l.20 et « cellule » l.41. En raison de l'exiguïté de l'endroit, le condamné est limité dans ses mouvements : « je suis captif » l.19, « aux fers » l.19. Ses yeux mêmes, l'organe qui permettrait de se projeter dans l'espace, se trouvent pris dans un champ clos : « avant de s'entr'ouvrir assez » l.39.
Dans la dynamique de sa description, le romancier nous guide du centre vers la périphérie, vers l'extérieur de la cellule ; mais, malgré cette extension, la réalité de la claustration demeure : le substantif « grilles » est répété deux fois (l.32 et 45) et un soldat monte la « garde » l.44. (...)
[...] Dans la suite de l'oeuvre, le lecteur retrouvera souvent des allusions à la situation personnelle de l'auteur qui est l'archétype du héros romantique : une grande sensibilité, comme le soulignent ses émotions au spectacle de la guillotine ; l'amour paternel (lors de la rédaction du roman, Léopoldine, la fille aînée de V.Hugo, a le même âge que la petite Marie) ; une certaine mélancolie qui incline au repli sur soi, voire au vertige suicidaire, et donne une grande crédibilité au choix original du monologue intérieur. 3ème idée directrice : le choix original du monologue intérieur : Bien que seul, le condamné s'exprime. Dès l'incipit, par le biais des verbes de parole (dire, murmurer), des interjections Ah ! . [...]
[...] étoffe de la vie l cette fatale pensée écrite . dans la trame grossière de la toile de mes vêtements l.42) n'est pas là seulement pour renouer avec une comparaison traditionnelle dans la littérature si l'on songe à Pénélope ou aux trois Parques, ni pour évoquer les liens de plus en plus serrés dans lesquels se trouve pris le condamné, mais surtout pour illustrer la cohésion, le tricotage du texte, dont un exemple peut être donné ligne 20 avec la syllabe pri mon esprit est en prison ou encore avec les parallélismes des lignes 19 et 20 et ceux de la série de compléments circonstanciels de lieu des lignes 40 à 44. [...]
[...] Commentaire de l'incipit (chapitre du roman Le Dernier Jour d'un condamné de Victor HUGO Texte du chapitre 1 du roman Le Dernier Jour d'un condamné I Bicêtre. commentaire : N.B. Les titres et intertitres ne sont là que dans un but pédagogique : ils ne doivent pas figurer dans un devoir. Introduction : Présentation de l'auteur et de l'œuvre : Le Dernier Jour d'un condamné est un roman bref (moins de cent pages), publié en février 1829, d'abord de manière anonyme. [...]
[...] Le rêve et la réalité tendent à se confondre. 4ème idée directrice : peur et malaise jusqu'à la folie : Afin de nous persuader de la violence de la menace ressentie par le condamné, V.Hugo l'exprime sous quatre formes complémentaires. Partant d'un matériau très solide aux fers l.19), la réalité elle- même se liquéfie progressivement, d'abord avec le plomb l.25, - métal qui se singularise par un point bas de fusion - , puis avec la glace, dure en apparence mais fragile mains de glace l.28), enfin avec des matières visqueuses se colle l.32) ou liquides mouillée et suante avant de s'évanouir en simples vibrations lumineuses reluit l.44) ou auditives a murmuré l.46). [...]
[...] Choix narratif qui entraîne un dédoublement : j'étais comme un autre homme l.7, cette pensée comme un spectre à mes côtés l.25, face à face avec moi l.27. La prise de conscience d'une telle fracture, qui se propage dans les oppositions binaires corps- esprit l.19-20, passé-présent), génère chez le condamné un long cri d'horreur. 3ème axe) Un cri d'horreur : Sa souffrance est telle qu'il croit voir le temps se fragmenter, la réalité se dissoudre et lui-même approcher des bords de la folie. [...]
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