« Voici la gare, "débarcadère des volontés, carrefour des inquiétudes", le personnage principal des Pas Perdus » nous dit Denise BONAL dans son avant-propos. En effet, cet élément central de cette pièce nous questionne et nous étonne dès le lever du rideau. Ce lieu métaphorique se rapporte à un cadre réaliste, tout comme les textes de cet auteur, qui traitent de faits divers comme les conflits familiaux, les questions sur l'identité (...), et dans la scène que nous étudions, les sans abris. En effet, cette scène fait l'écho au problème très actuel des personnes sans domicile fixe. Nous y découvrons deux clochards qui rapportent des souvenirs de leur enfance meurtrie.
Le jeu des acteurs amène le spectateur à ressentir des émotions quelquefois contradictoires comme par exemple le rire ou bien la compassion. Alors, une question se pose : comment les émotions sont-elles exprimées dans cette scène ? Et bien, nous pourrons observer un effet de lenteur, de discontinuité dans le texte de Denise BONAL, et contrairement aux apparences, les dialogues qu'elle nous propose à travers celui-ci sont à la fois simples et réfléchis.
Dans cette scène, la répétition, la lenteur et la discontinuité occupent une place importante. En effet, nous observons, et cela presque à chaque réplique, que des tirades sont répétées (par exemple, l'interjection « Ah ! », ou bien le terme « odeur » qui revient une dizaine de fois, ou encore le verbe « s'asseoir » qui est employé, lui aussi, à maintes reprises...). Cela crée un effet comique, provoque le rire du spectateur ou du lecteur. Nous remarquons également beaucoup de points de suspension tout au long de la scène et même une didascalie indiquant un temps. La plus grande partie du dialogue entre nos deux personnages se résume par un enchaînement de courtes répliques sans queue ni tête (...)
[...] Les silences et les discours des personnages nous touchent par leur simplicité humaine et criante de vérité. Une simplicité qui se retrouve, à première vue, dans le dialogue même, mais ne cache-t-elle pas autre chose ? Denise BONAL disait : J'écris sur la vie, la vie toute simple et toute compliquée. J'écoute les hommes et les femmes en ce qu'ils ont chacun une façon de dire ou de cacher leurs émotions. C'est cette réalité qui, pour moi, fait théâtre La simplicité dont elle nous fait part ici, nous pouvons l'observer dans cette saynète. [...]
[...] Scène commentée : Les clochards (7ème scène). Voici la gare, "débarcadère des volontés, carrefour des inquiétudes", le personnage principal des Pas Perdus nous dit Denise BONAL dans son avant-propos. En effet, cet élément central de cette pièce nous questionne et nous étonne dès le lever du rideau. Ce lieu métaphorique se rapporte à un cadre réaliste, tout comme les textes de cet auteur, qui traitent de faits divers comme les conflits familiaux, les questions sur l'identité ( et dans la scène que nous étudions, les sans abris. [...]
[...] Nous remarquons également beaucoup de points de suspension tout au long de la scène et même une didascalie indiquant un temps. La plus grande partie du dialogue entre nos deux personnages se résume par un enchaînement de courtes répliques sans queue ni tête ( ) la locomotive un vrai taureau ~ Oui, un taureau femelle. ou bien Avant il y a longtemps avant les gares, il y avait une odeur ~ Une odeur de gare. ~ Plutôt une odeur de train. [...]
[...] Ils n'ont donc pas l'obligation d'être très recherchés. C'est justement le fait qu'il s'agisse de petits bouts de vie piochés au hasard qui rend cette pièce intéressante et plaisante à regarder. Elle relate la vie, simple oui, mais que nous connaissons tous, que nous croisons chaque jour au coin de la rue C'est cela que veut nous montrer l'auteur. Denise Bonal aime décrire des fragments de vie, des petits riens, les doutes, les inquiétudes, les ratés ou les grandes déclarations d'amour . [...]
[...] Les didascalies se font rares. L'acteur et le metteur en scène sont en quelque sorte livrés à eux-mêmes. Le metteur en scène doit composer l'écriture scénique et l'acteur doit interpréter à sa façon le rôle qu'il incarne. Ces passages lents sont déjà un indice en ce qui concerne le comportement du personnage. En lisant la pièce, on peut imaginer ces deux clochards assis sur un échafaudage, au milieu de cette gare, devant ce va et vient incessant, une bouteille à la main, les jambes se balançant dans le vide, cherchant un moyen de passer le temps. [...]
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