Si la société australe tend à l'utopie, c'est aussi par le biais de son langage. Présentée comme étant la base de l'instruction du peuple austral (il s'agit de ce qu'ils apprennent en premier, de 0 à 3 ans), la langue australe contribue en effet à faire l'éloge de ce peuple : cette langue monosyllabique et mono-sémantique est facile à apprendre, à écrire et à comprendre... Foigny invente ici un langage qui permet de comprendre tout ce qui fait le monde et les idées par la simple nomination des choses : il s'agit à l'époque d'un idéal philosophique, celui d'une langue « universelle, fort aisée à apprendre, à prononcer et à écrire, et, ce qui est le principal, qui aiderait le jugement, lui représentant si distinctement toutes choses qu'il lui serait presque impossible de se tromper » (Descartes) (...)
[...] Une description utopique et favorable de l'éducation australe Utopie d'un monde univoque grâce au langage : Si la société australe tend à l'utopie, c'est aussi par le biais de son langage. Présentée comme étant la base de l'instruction du peuple austral (il s'agit de ce qu'il apprennent en premier, de 0 à 3 ans), la langue australe contribue en effet à faire l'éloge de ce peuple : cette langue monosyllabique et mono-sémantique est facile à apprendre, à écrire et à comprendre . [...]
[...] Ces contradictions servent même d'argument pour prouver la supériorité australe : le récit de Sadeur se clôture en donnant apparemment tord aux australiens et à leur histoire, par l'utilisation de la logique (voir AXE : si ce qu'ils apportent était vrai, les étoiles seraient multipliées des deux tiers, le Soleil serait grossi et la Lune fort diminuée : la mer aurait changé de place et mille choses pareilles qui sont hors de toute apparence Mais lorsqu'on y regarde de plus près, on s'aperçoit que la logique n'est pas du tout mise à mal ici, bien au contraire : cette phrase rappelle aux érudits la réalité de l'Astronomie : on découvre à cette époque que la mer a effectivement bougé, que le Soleil grossit et que la Lune diminue au fil des siècles. Ces balivernes australes ne contredisent donc pas la logique de ce peuple, mais la science du Moyen-Age : celle-ci refuse en effet les nouvelles découvertes astronomiques (le système héliocentrique découvert par Copernic et Galilée, grande avancée scientifique, s'oppose alors au vieux système [géocentrique] soutenu par l'Église). Ces balivernes n'en sont donc pas. [...]
[...] Par son avancée dans le domaine des sciences astronomiques, le peuple australe nous offre ici un autre exemple de sa supériorité sur l'Europe. Cette apparente faiblesse argumentative n'est donc en réalité qu'une feinte de l'auteur pour contourner la censure d'un continent aux idées plus arriérées, l'Europe. Conclusion : Foigny nous décrit les différentes étapes de l'éducation australe. Face à une Europe encore ancrée dans ses traditions chrétiennes, la Terre Australe nous montre ici l'étendue de ses connaissances. [...]
[...] Cette prise de distance tout d'abord : lorsqu'il nous raconte l'histoire du peuple austral, Sadeur émet quelques réticences à croire en la réalité de ces faits. Mais nous devons nous rappeler que notre narrateur est un européen, et qu'il nous conte ici une histoire remettant en question les prémices de la vie vues par le Catholicisme (Adam et Ève, le Paradis perdu . alors souverain en Europe : il y a nécessité que l'origine des australiens reste un conte pour les catholiques, afin de contourner la censure et le scandale. [...]
[...] Dans notre extrait, celle-ci se fait par le biais de l'éloge du monde austral (voir AXE : en montrant les qualités de ce peuple de raison, il dénigre indirectement le sien, en nous montrant tout ce que ce dernier ne possède pas. S'opère ici un jeu des contraires : La langue européenne n'est pas limpide comme celle des australiens, car si Sadeur la découvre avec bonheur, c'est qu'il ne la connaissait pas : la description de ce langage utopique dénonce donc indirectement les travers de la notre, qui se veut compliquée dans son apprentissage et sa compréhension, les mots ne correspondant pas avec les idées. [...]
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