Le danger des associations de pensée, Henri Michaux, surréalisme, poésie, association d'idées, Seconde guerre mondiale
En 1949, le poète Henri Michaux publie La Vie dans les plis. Cela fait quatre ans que la Seconde Guerre mondiale a pris fin et les secousses s'en font encore sentir. C'est un poète surréaliste, lui aussi, écrivant dans un après-guerre à l'instar des premiers surréalistes. Il chante alors aussi bien la beauté et la joie retrouvée que la dureté et la violence des hommes. Michaux est également friand de la lecture de Ducasse. Le poème « Le danger des associations de pensée » est justement très représentatif du surréalisme, et nous rappelle la célèbre image de la machine et du parapluie.
[...] Mais l'on sait également que Michaux est ambigu, car l'intérieur d'une poitrine, dont les glandes forment une fleur, est véritablement très esthétique (j'en remets le lecteur aux traités d'anatomie). Par symétrie, la poitrine, comme la scie, est « utile » et produit une jouissance esthétique et physique. Michaux fait alors une élégante image qui suggère le potentiel sexuel d'une poitrine libérée de sa gangue de tissu : « la menant de temps à autre à l'air froid des hautes altitudes où elle prospère et s'éjouit ». [...]
[...] Mais d'abord, il les traite séparément : il fait d'abord la description méliorative d'« une scie », belle et utile dans son usage naturel, puis procède de même, dans un paragraphe séparé, pour « une poitrine ». Dans un troisième moment, le poète rapproche alors brutalement les deux réalités, en une image horrifique de poitrine sciée et sanglante, tout en soulignant son caractère à la fois accidentel, nécessaire et absurde. On pourrait alors se demander en quoi ce poème d'Henri Michaux, en convoquant le procédé surréaliste de l'association d'idées, explique-il l'accidentelle violence des hommes et vient donc à constituer une méditation sur les causes de la guerre ? [...]
[...] Si nous rapprochons le beau du laid, le sexe du sang, la poitrine de la scie, c'est parce que l'individu est guidé par les lois de l'esprit humain comme lecteur est guidé par l'auteur, comme les hommes sont influencés par un contexte historique : « en une époque de sang comme la nôtre, comment n'irait-elle (la scie) pas s'y (la pensée) accrocher (à la poitrine) ? ». Michaux produit alors une image à la fois satisfaisante, agréable, esthétique mais terrible : la « voilà qui entre, comme chez elle, s'enfonce grâce à ses dents merveilleuses, taillant tranquillement dans la poitrine son sillon ». [...]
[...] Le danger des associations de pensée - Henri Michaux (1949) - En quoi ce poème, en convoquant le procédé surréaliste de l'association d'idées, explique-il l'accidentelle violence des hommes et vient donc à constituer une méditation sur les causes de la guerre ? Le danger des associations de pensée C'est beau, une scie, une scie de scieurs de long, une scie qui puissamment, souplement, tranquillement avance dans une bille de bois pesante qu'elle tranche souverainement. C'est beau aussi une poitrine. Très beau. [...]
[...] Henri Michaux Prologue « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ». Cette image d'anthologie fut couchée sur le papier par Isidore Ducasse dans son recueil Le Chant de Maldodor, et publié en 1869 dans une indifférence quasi-totale. Et pourtant, l'image comme l'auteur ont été popularisés par le mouvement surréaliste, dont il est une des sources majeures. Dans les années folles, le surréalisme prend son envol. Ce mouvement se prend de passion pour les associations d'images ainsi que par le mouvement de la pensée une fois libérée du carcan de la raison : on s'intéresse à ce que produit l'esprit en roue libre. [...]
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