Mrs Dalloway, Woolf, Un, personne et cent mille, Pirandello, auto-fiction, fiction, identité, forme romanesque, narrateur, Paul Valéry, éclatement de l'identité
Mrs Dalloway de Virginia Woolf et Un, personne et cent mille de Luigi Pirandello sont deux oeuvres contemporaines : la première a été publiée en 1925, la seconde en 1927. Mais cette convergence ne s'arrête pas là. Car toutes deux impliquent largement leurs auteurs, de sorte qu'on pourrait les qualifier, en dépit de la forme volontairement romanesque de Mrs Dalloway, d'auto-fictions. Durant toute leur vie, deux questions ont touché de près Virginia Woolf et Luigi Pirandello, celle de la folie et celle de l'identité. On sait que Virginia Woolf, sujette depuis son adolescence à des périodes de grave dépression, finit par se donner la mort en 1941, en s'enfonçant, les poches remplies de pierres, dans la rivière Ouse, près de sa maison de Rodmell. Pirandello, de son côté, avait épousé sans amour une jeune fille qui sombrera peu à peu dans la folie paranoïaque. D'autre part, le thème princeps de l'oeuvre des deux auteurs est celui, traité de façon différente chez chacun d'eux, de l'identité, de son morcellement et de sa perte.
[...] Je veux le connaître en dehors de moi. Est-ce possible? Je dois m'efforcer de ne pas me voir 'en moi', mais d'être vu 'par moi', objectivement? ». Moscarda ouvre les yeux: me vis. » Il est horrifié, tente des mimiques, finit par capter un bref instant, grâce à de vifs changements d'expression, son « double, libéré du joug tyrannique de l'esprit. » enfin, enfin!? Le voilà!? qui était-ce? » La réponse lui vient aussitôt: « Rien. Personne. Un pauvre corps humilié attendant que quelqu'un s'en empare. (?) Encore une fois, qui était-ce? Moi? [...]
[...] C'est là la première forme de l'éclatement de l'identité. Pour sa femme Dida, par exemple, Moscarda est « son Gengé ». « Certes, elle connaissait son Gengé, mieux que je ne le connaissais, moi!? Puisqu'elle se l'était fabriqué de toutes pièces?Un pantin? Nullement. Le pantin, s'il y en avait un, c'était mon moi véritable. » (livre chapitre XII, « Son cher Gengé « ).Il apparaîtra, au cours du récit, que Gengé » de Dida est un personnage bête et gentil, mais que, contrairement à ce dont il était persuadé, elle n'en a jamais été amoureuse. [...]
[...] Tolstoï a écrit dans son journal: « Quelqu'un est fou, eux, ou moi. ». C'est que l'apparente évidence de la réalité peut disparaître totalement, la réalité devenir irréelle. Septimus, dans Mrs Dalloway, souffre de cette perte de réalité, qu'il retrouve quelques heures en aidant sa femme Rézia à orner un chapeau qu'elle confectionne. Mais l'intervention du médecin venu le chercher pour l'interner rompt ce moment de bonheur, et il se jette par la fenêtre. Or cette folie mortifère, Clarissa la porte en elle. [...]
[...] C'est précisément à cette conclusion non-concluante, selon ses propres dires, que Moscarda parvient, au terme de sa recherche. Le dernier chapitre du livre s'intitule « Qui ne conclut pas ». nom n'est qu'un épigraphe funéraire, il convient aux morts. A qui a conclu. Je suis vivant, et je ne conclus pas. La vie ne conclut pas. Elle ignore les noms. Cet arbre, respiration palpitante des feuilles nouvelles? Je suis cet arbre; l'arbre, le nuage. Demain, je serai le livre ou le vent. [...]
[...] Mrs Dalloway - Virginia Woolf (1925) ; Un, personne et cent mille - Luigi Pirandello (1927) - Éclatement de l'identité et forme romanesque Mrs Dalloway de Virginia Woolf et Un, personne et cent mille de Luigi Pirandello sont deux ?uvres contemporaines : la première a été publiée en 1925, la seconde en 1927. Mais cette convergence ne s'arrête pas là. Car toutes deux impliquent largement leurs auteurs, de sorte qu'on pourrait les qualifier, en dépit de la forme volontairement romanesque de Mrs Dalloway, d'auto-fictions. [...]
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