Mrs Dalloway, Woolf, Un personne et cent mille, Luigi Pirandello, identité, roman, XXe siècle, Paul Valéry, auto-fiction, narration, flux de conscience, crise identitaire
Le « moi » valeryen est difficilement cernable de par sa nature changeante et multiple. Pour Paul Valéry, notre identité propre serait en constant mouvement. La question de l'identité est une question existentielle angoissante tant elle semble inatteignable, marquée par l'incertitude et la fragmentation du moi. L'Homme, confronté à la multiplicité de ses visages et à l'incohérence de son être, éprouve une profonde inquiétude face à la question: « Qui suis-je? » Paul Valéry nous expose sa conception de l'identité: « Mon idée la plus intime est de ne pouvoir être celui que je suis. Je ne puis me reconnaître dans une figure finie. » Cette citation nous montre que c'est la peur qu'éveille la question d'identité chez Paul Valéry. En effet, les termes « mon idée la plus intime » nous laissent entendre qu'il ne s'agit non pas d'une idée mais d'une angoisse, l'angoisse de ne pas « pouvoir être celui qu'il est ». En ce sens, nous comprenons qu'il y a dissonance entre identité réelle et identité perçue. La seconde phrase de la citation nous montre une des raisons pour laquelle il est si difficile de devenir, ou plutôt de cerner qui nous sommes: « Je ne puis me reconnaître dans une figure finie ». Ici, Valéry exprime l'idée d'une identité aux multiples facettes. On ne peut réduire notre identité à une seule et unique image figée, il existe dans notre for intérieur des multitudes de personnalités qui construisent notre « moi ». La problématique de l'identité éclatée, de l'angoisse qu'elle engendre est au coeur d'oeuvres littéraires majeures du XXe siècle, telles que Mrs Dalloway de Virginia Woolf et Un, personne et cent mille de Luigi Pirandello. Ces deux oeuvres littéraires traitent de la fragilité de notre identité, des contradictions qui résident en nous. Ils mettent tous deux en avant les changements intérieurs constants qui caractérisent l'être humain et qui fait de lui un être aussi complexe. Dans leurs formes autant que dans leurs fonds, les oeuvres de Woolf et Pirandello font récit de crises identitaires chez leurs personnages. On pourrait aussi bien dire que ces deux auteurs font une auto-fiction, puisqu'ils ont tous deux souffert de troubles psychologiques dus à ces questionnements incessants sur la nature de leur être propre. Dans Mrs Dalloway et Un, personne et cent mille, comment se manifeste l'angoisse de la question de l'identité de soi ?
[...] Mrs Dalloway présente la crise identitaire de manière assez similaire à celle de Luigi Pirandello. Le roman de Virginia Woolf est aussi un roman d'introspection, dans lequel la problématique de l'éclatement de l'identité nous est présentée dès les premières pages: Elle ne dirait plus jamais de quelqu'un, il est ceci, il est cela (page soixante-huit). Clarissa Dalloway, un des personnages principaux du roman, revendique dans cette phrase un moi ouvert et mouvant. Elle émet déjà une réflexion sur l'identité, elle montre une prise de conscience de la nature changeante et insaisissable du moi. [...]
[...] Ils mettent tous deux en avant les changements intérieurs constants qui caractérisent l'être humain et qui fait de lui un être aussi complexe. Dans leurs formes autant que dans leurs fonds, les oeuvres de Woolf et Pirandello font récit de crises identitaires chez leurs personnages. On pourrait aussi bien dire que ces deux auteurs font une auto-fiction, puisqu'ils ont tous deux soufferts de troubles psychologiques dûs à ces questionnements incessants sur la nature de leur être propre. Dans Mrs Dalloway et Un, personne et cent mille, comment sa manifeste l'angoisse de la question de l'identité de soi ? [...]
[...] Dans Un, personne et cent mille, l'auteur dépeint la nature, la vie, comme un perpétuel mouvement, un cycle éternel qui ne connait jamais réellement de fin, seulement des transformations. Pirandello illustre cette pensée avec Septimus, par exemple, lorsqu'avant de mourir, il perçoit une dernière fois la beauté du monde: Il n'avait pas peur. À chaque instant, la Nature lui envoyait un message joyeux, comme cette tâche dorée qui faisait le tour dur mur (...) pour lui dire qu'elle était prête à lui révéler son sens (page deux-cent-soixantedix-neuf). [...]
[...] Nous pourrions également accepter l'impossibilité de fixer notre identité pour de bon. Dans l'oeuvre de Pirandello, Moscarda finit par accepter de se laisser porter par le flux de la vie. Aux dernières pages, nous lisons : Pour moi, tout est submergé, Monsieur le juge. Je me suis jeté à l'eau et à présent je nage, je nage... et déjà je suis loin... Je ne vous vois presque plus. Portez vous bien, Monsieur le juge, bonsoir! Comme immergé dans un immense corps d'eau auquel on ne peut échapper, cette image de l'existence souligne l'idée selon laquelle, afin de survivre à l'éclatement identitaire, il faudrait s'abandonner au flux continu et incessant de la vie, même si l'on s'y sent noyés. [...]
[...] Dans l'oeuvre de Luigi Pirandello, c'est d'abord la figure centrale de l'œuvre qui introduit cette notion de fragmentation. En effet, le narrateur est un personnage qui nous fait le récit des origines de sa crise identitaire : son mariage, sa vie trop banale et confortable. Il nous raconte à la page douze la cause de son mal-être en ces termes: Ce fut le point de départ de tout le mal, ce mal qui devait bientôt me réduire à un état physique et mental si misérable et désespéré que j'en serai presque mort, ou devenu fou, si je n'avais en lui-même (comme on le verra par la suite) le remède destiné à m'en guérir . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture