Au XVIIIème siècle, les philosophes des Lumières ont beaucoup écrit contre la guerre, montrant son horreur ou blâmant son absurdité et l'aveuglement des chefs d'états à vouloir se battre entre eux. On peut songer notamment à l'article "Paix" écrit par Damilaville pour L'Encyclopédie ou au célèbre chapitre 3 de CandideLe Bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles (1772), le philosophe d'origine allemande D'Holbach développe lui aussi un court récit sur le thème de la guerre. Sous le titre de "conte oriental", il raconte en effet l'histoire d'un dervis qui décide de se rendre à la Mecque pour remercier Allah de la bonté dont il fait preuve à son endroit. Celui-ci, après avoir traversé un pays prospère et paisible, arrive dans une contrée ravagée par la guerre. Pourquoi D'Holbach intègre-t-il ce court "conte oriental" sur le thème de la guerre dans son oeuvre athée ? Quels enseignements tire-t-il d'un tel apologue ? (...)
[...] Une satire intemporelle et universelle du clergé : des profiteurs égoïstes L'auteur souligne que le bonheur du dervis tient à la solitude : dès l'abord, il mentionne sa solitude agréable (l.2) et à nouveau lors du pèlerinage, le caractère merveilleux de l'oasis tient au fait qu'il s'agit d'un lieu solitaire (l.13) et d'une retraite enchantée (l.14). D'Holbach donne ainsi l'image d'un homme préoccupé par son seul bien-être, un peu à l'instar du rat de la fable de La Fontaine (cf. Le Rat qui s'est retiré du monde. et qui vit aux dépens d'autrui : les habitants d'alentour ( ) s'empressaient chaque jour à lui porter des provisions (l.2-3). [...]
[...] La guerre, qui subsistait alors entre les Persans et les Turcs, ne put lui faire différer l'exécution de sa pieuse entreprise. Plein de confiance en Dieu, il se met en voyage ; sous la sauvegarde inviolable d'un habit respecté, il traverse sans obstacle les détachements ennemis : loin d'être molesté, il reçoit à chaque pas des marques de la vénération du soldat des deux partis. À la fin, accablé de lassitude, il se voit obligé de chercher un asile contre les rayons d'un soleil brûlant ; il se trouve sous l'ombrage frais d'un groupe de palmiers, dont un ruisseau limpide arrosait les racines. [...]
[...] Parvenu un peu plus loin, il trouve quelques montagnes assez rudes à franchir, mais une fois arrivé à leur sommet, un spectacle hideux se présente tout à coup ses regards ; son âme en est consternée. Il découvre une vaste plaine, entièrement désolée par le fer et la flamme ; il la mesure des yeux et la voit couverte de plus de cent mille cadavres, restes déplorables d'une bataille sanglante qui depuis peu de jours s'était livrée dans ces lieux. Les aigles, les vautours, les corbeaux et les loups dévoraient à l'envi les corps morts, dont la terre était jonchée. [...]
[...] Si D'Holbach parodie ici le conte traditionnel, c'est qu'il présente traditionnellement les nobles de manière positive : malmener le genre du conte permet ainsi de remettre en cause l'activité des nobles par excellence qu'est la guerre, dont est ici mise en évidence l'horreur, et non le caractère grandiose ou épique comme dans les contes ou les chansons de gestes. De la guerre, D'Holbach pointe aussi l'absurdité : Turcs et Persans sont tous musulmans et l'auteur n'explique nullement les motifs de la guerre, qui paraît ainsi encore plus insensée. Au-delà d'une guerre précise, c'est la guerre de manière générale et universelle dont l'auteur fait ici la critique. L'intemporalité de la dénonciation est visible à travers l'imparfait duratif subsistait (l.8) et à travers l'absence de mention historique précise. [...]
[...] Dans son œuvre intitulée Le Bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles (1772), le philosophe d'origine allemande D'Holbach développe lui aussi un court récit sur le thème de la guerre. Sous le titre de conte oriental il raconte en effet l'histoire d'un dervis qui décide de se rendre à la Mecque pour remercier Allah de la bonté dont il fait preuve à son endroit. Celui-ci, après avoir traversé un pays prospère et paisible, arrive dans une contrée ravagée par la guerre. [...]
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