Nous sommes ici à l'acte III, scène 7. On assiste dans le 3ème acte, apogée de la pièce, à une déclaration d'amour paradoxale puisque Cyrano, qui est amoureux de sa cousine Roxane, lui transmet son amour à l'insu de celle-ci en se faisant passer pour Christian qui lui avait demandé au préalable de l'aider à faire sa propre déclaration : ce quiproquo montre non seulement son amitié à Christian mais renforce le caractère tragique du personnage condamné à porter un masque.
Nous verrons dans un 1er temps en quoi cette scène est une déclaration d'amour. Puis, nous étudierons le lyrisme de cette déclaration et son efficacité. Enfin, nous analyserons le pathétique et le tragique de cette scène fondée sur un quiproquo (...)
[...] La perte de la maîtrise de soi de Cyrano est significative : Cyrano laisse tomber le masque de Christian et c'est lui-même qui s'exprime : il oublie son rôle et parle pour lui ce qui fait que cette déclaration semble authentique, véritable. - Ainsi nous venons de voir que nous avons à faire ici à une déclaration d'amour qui se révèle lyrique. Malgré le succès de cette déclaration auprès de Roxane, un élément pathétique rajoute une ombre au tableau : Roxane ignore que son interlocuteur est Cyrano et donc que ce dernier cherche à la rendre amoureuse de Christian. [...]
[...] Nous venons donc de voir que cette scène est en fait une déclaration d'amour. Mais cette déclaration se révèle lyrique et n'est pas sans succès. II- Une déclaration qui porte, et qui se révèle lyrique La première réplique de Cyrano a porté. En effet, Roxane est troublée, comme le montre la didascalie ROXANE, d'une voix troublée Le tremblement représente plus directement la porté de son (amour par les mots) Car vous tremblez! car j'ai senti, que tu le veuilles /Ou non, le tremblement adoré de ta main /Descendre tout le long des branches du jasmin! [...]
[...] De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimé : Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai, Pour sortir le matin tu changeas de coiffure ! J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure Que comme lorsqu'on a trop fixé le soleil, On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil, Sur tout, quand j'ai quitté les feux dont tu m'inondes, Mon regard ébloui pose des taches blondes ! ROXANE, d'une voix troublée. Oui, c'est bien de l'amour . [...]
[...] Il ne me reste Qu'à mourir maintenant ! C'est à cause des mots Que je dis qu'elle tremble entre les bleus rameaux ! Car vous tremblez, comme une feuille entre les feuilles ! Car tu trembles ! car j'ai senti, que tu le veuilles Ou non, le tremblement adoré de ta main Descendre tout le long des branches du jasmin ! Il baise éperdument l'extrémité d'une branche pendante. ROXANE Oui, je tremble, et je pleure, et je t'aime, et suis tienne ! Et tu m'as enivrée ! [...]
[...] La poésie de ce passage se voit dans la versification, les alexandrins et les rimes. En effet nous pouvons observer une grande variété de rimes allant de la rime pauvre grelot / trop à la rime riche touffe / étouffe en passant par la rime suffisante coiffure / chevelure La rime féminine est aussi utilisée pour la réplique de Roxane et suis tienne ! Le rythme est disloqué, perturbé, ce qui suggère l'émotion lyrique comme on peut le voir dans le changement du vouvoiement au tutoiement Car vous tremblez! [...]
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