La pièce de théâtre d'Edmond Rostand Cyrano de Bergerac met en scène trois personnages principaux. Roxane, tout d'abord, une précieuse "épouvantablement ravissante", qui est aimée de deux hommes : Cyrano et Christian.
Cyrano a pour lui l'esprit mais il est laid ; quant à Christian il est jeune et beau, mais manque cruellement d'esprit. Roxane qui ne se doute pas de l'amour que Cyrano lui porte va en faire son confident en lui avouant son penchant pour Christian. Cyrano, d'abord désabusé, va décider d'aider Christian à conquérir Roxane (...)
[...] Le même type de comique est à l'œuvre dans la bouche de Cyrano, quand, après avoir tenu un discours si poétique et si subtile à propos du baiser, il lâche un Monte, donc animal à Christian. Imaginons ce pauvre Christian qui doit se livrer à de multiples acrobaties pour rejoindre sa belle, il s'élance, et par le banc, le feuillage, les piliers, atteint les balustres qu'il enjambe» : cette accumulation souligne le comique de geste. Christian apparaît comme un couard. Lui si prompt à brûler les étapes et qui a réclamé instamment ce baiser dans la scène précédent l'extrait : CHRISTIAN Obtiens-moi ce baiser ! . [...]
[...] Caché dans l'ombre, Cyrano souffle à Christian les mots qui le font accéder au bonheur. Resté seul, Cyrano, par le récit de ses voyages vers la lune, écarte le rival de Guiche, venu conquérir Roxane : ce qui permet un mariage rapide avec Christian. Pour se venger, de Guiche envoie au siège d'Arras la compagnie de Cyrano et, donc par la même occasion Christian. Acte IV. Les Cadets de Gascogne Bloqués par les Espagnols qui les cernent, les cadets meurent de faim. [...]
[...] Cyrano doit vaincre les résistances de la belle Roxane. Il se livre à un badinage amoureux aussi brillant que subtil. Tout d'abord il ne laisse pas longtemps Roxane dans l'embarras du silence et termine son alexandrin. Ainsi il va la guider dans un crescendo savamment orchestré vers l'aveu final par une technique qui est résumée dans cet alexandrin; Glissez encore un peu d'insensible façon Le discours est incitatif, mais modéré par la forme interro-négative. Ce sont des questions oratoires destinées à guider Roxane vers l'acceptation du baiser et à donner le sentiment que cette pente que leur fait prendre Cyrano, ce glissement, s'effectue à deux. [...]
[...] Cyrano développe un discours puissant qui démontre une maîtrise totale de la parole. Il s'exalte tout comme Roxane. Il trouve les formules pour jouer l'amoureux transis. Comme Roxane, il s'accommode parfaitement de son rôle. Le comique de cette scène du baiser repose sur la duplicité du stratagème mis en place par Cyrano. Pourtant derrière le brio de la stratégie de séduction qu'il déploie, derrière le lyrisme de l'amour pointe le pathétique d'un homme qui est obligé d'emprunter les traits d'un autre pour faire sa cour. [...]
[...] Un serment fait d'un peu plus près, une promesse Plus précise, un aveu qui veut se confirmer, Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer ; C'est un secret qui prend la bouche pour oreille, Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille, Une communion ayant un goût de fleur, Une façon d'un peu se respirer le cœur, Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme ! ROXANE Taisez-vous ! CYRANO Un baiser, c'est si noble, madame, Que la reine de France, au plus heureux des lords, En a laissé prendre un, la reine même ! ROXANE Alors ! CYRANO, s'exaltant. J'eus comme Buckingham des souffrances muettes, J'adore comme lui la reine que vous êtes, Comme lui je suis triste et fidèle . Page 3 sur 12 ROXANE Et tu es Beau comme lui ! CYRANO, à part, dégrisé. [...]
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