Lecture analytique bac français : "le Cygne" de Jules Renard (1909).
[...] Toute noblesse lui est finalement retirée. Le cygne, animal très fréquent en littérature (Baudelaire ) et dans la mythologie (Zeus lui-même s'est transformé en cygne), expression de la pureté est ici observé sans complaisance dans ses attitudes purement animales : « chaque fois qu'il plonge ramène un ver » Non seulement le charme est rompu par ce brusque retour à la réalité des habitudes alimentaires du cygne, mais en plus la comparaison avec l'oie, animal domestique, est dégradante. Le cygne glisse sur l'eau tandis que l'oie se déplace en dandinant de manière peu élégante. [...]
[...] Par ce jeu de points de vue contrastés et sous la forme d'une anecdote animalière, l'auteur donne finalement à réfléchir, entre idéal et moquerie, sur l'image du poète : aspirant à l'élévation et se laissant porter par la rêverie poétique, celui-ci anoblit une scène finalement triviale. Une vision romantique et poétique de la scène : le cygne comme image du poète en quête d'un idéal. Dans la première partie du poème, le cygne est décrit comme un animal pur, noble et majestueux. [...]
[...] Le lecteur a l'impression d'un cadre pur et sans danger. Le blanc, associé à la pureté et à l'innocence, est évoqué à de nombreuses reprises. Le cygne est ainsi « un traîneau blanc » et son cou est « vêtu de neige ». Quant aux nuages, ils sont « floconneux » comme de la neige. La neige suggère la pureté, et par extension, l'innocence, la sérénité et la paix. Synthèse de toutes les couleurs, le blanc est aussi symbole de connaissance et de divinité. [...]
[...] ») opère une rupture et le sort brutalement de ses aspirations idéalistes. Ainsi, on passe de l'image très valorisante du poète au-dessus de l'homme du commun, aspirant à l'élévation et touchant à la grâce, approchant la pureté, destiné à connaître l'immatérialité à l'image d'un homme parmi les hommes, qui s'est laissé berner par ses illusions et son imaginaire jusqu'à perdre pied avec la réalité. On peut dire que le poète s'applique ironie et autodérision : il a été capable un moment de croire au cygne mangeur de nuages CONCLUSION Nous avons ainsi pu voir que par un récit très rythmé et un jeu de points de vue contrastés, Renard donne finalement à réfléchir sur l'image du poète. [...]
[...] Ainsi, le lecteur est conduit à une mise en abime poétique : de même que le cygne se nourrit de nuages, le poète se nourrit d'images. Mais bientôt l'illusion fait place à la désillusion : la quête de la beauté est menacée par la fatalité (« vains reflets ») et l'agonie (« Il s'épuise [ ] et peut-être qu'il mourra »). Retour à la réalité Les trois dernières lignes du poème forment une chute comique et ironique puisqu'on y apprend que le nuage n'est qu'un simple reflet dans l'eau et que le poète a tout simplement poétisé la scène d'un cygne en quête, non d'idéal, mais de nourriture 1 Le jeu des points de vue : Qui voit ? [...]
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