La Fable « Le curé et le mort » est inspirée d'un fait divers relaté dans deux lettres de Madame de Sévigné ; La Fontaine exploite ce fait divers en étoffant son récit de circonstances qui vont lui donner une tonalité et une signification nouvelle. On peut d'ailleurs avancer l'idée qu'il se livre à une sorte de détournement de sens, puisque rien n'indique que la personnalité du curé réel corresponde à celle qui est décrite dans la Fable. La gaieté fait son apparition dès le vers 3, avec l'adverbe « gaiement »; elle apparaît d'autant plus déplacée, choquante, qu'elle se détache d'une toile de fond funèbre et détonne par rapport à la gravité des circonstances, comme l'indiquent les parallélismes oppositionnels des deux couples d'octosyllabes, avec notamment l'opposition des adverbes « tristement » et « gaiement ».
[...] L'apostrophe monsieur le mort est une interpellation faussement respectueuse, en réalité moqueuse. La désignation monsieur est un rappel de la condition sociale supérieure; on retrouve la même révérence avec l'emploi de la majuscule à Mort mais cette caractéristique renvoie aussi à la perte d'identité , à la situation d'inertie et d'exclusion dont il est victime. Le curé réclame sa docilité, sa collaboration passive avec l'impératif laissez-nous faire On cherche à s'attirer ses bonnes grâces en lui faisant des promesses généreuses : on vous en donnera de toutes les façons. [...]
[...] La satire traditionnelle du clergé Une jubilation déplacée La gaieté fait son apparition dès le vers avec l'adverbe gaiement elle apparaît d'autant plus déplacée, choquante, qu'elle se détache d'une toile de fond funèbre et détonne par rapport à la gravité des circonstances, comme l'indiquent les parallélismes oppositionnels des deux couples d'octosyllabes, avec notamment l'opposition des adverbes tristement et gaiement Entre les deux premiers vers et les deux suivants, le rythme s'accélère, devient plus allègre, voire bondissant( tristement: 3 syllabes, gaiement: 2 syllabes, ce mort au plus vite 5 monosyllabes). On retrouve l'expression de cette désinvolture, de ce même manque de respect dû au mort au vers avec le groupe verbal infinitif enterrer ce mort au plus vite le superlatif adverbial au plus vite souligne l'impatience , la hâte à se débarrasser du mort, au risque d'expédier l'enterrement. Par la suite, le curé semble manifester un zèle suspect, avec l'accumulation de 4 substantifs coordonnés, reliés par la polysyndète. [...]
[...] Le second intérêt de cette fable réside dans sa structure, fondée sur le principe de renversement de situation, des illusions humaines et de leur écroulement : la chute est en effet due à la fois à la volonté du destin , mais aussi aux erreurs du personnage insanctionné pour ses défauts. [...]
[...] Les penchants du personnage sont classiques, mais La Fontaine insiste sur le raffinement dans la sensualité, avec le superlatif meilleur et sur ses qualités de gourmet. Le goût pour les jolies filles. Le monologue du curé fait allusion à deux femmes mises sur le même plan. La première est désignée par un lien de parenté certaine nièce la seconde par son lien de dépendance avec la première sa chambrière Or, une série d'indices jette la suspicion sur les relations entre le curé et les demoiselles, les font apparaître comme équivoque. [...]
[...] Le verbe comptait renvoie à ses calculs et à la confiance qu'il plaçait sur la mort. La Fontaine réduit en quelque sorte la vie à la littérature: le mensonge de la fable contient une vérité profonde. Conclusion L'intérêt de cette fable réside d'abord dans son registre satirique:La Fontaine détourne en quelque sorte le fait divers connu pour en faire l'illustration des travers, voire des vices traditionnels du clergé : le curé Chouart est en effet le type même du prêtre bon vivant jouisseur et cupide. [...]
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