La thématique de l'imagination prend donc une importance décisive. Comment le fabuliste traite-t-il le fait divers dans l'apologue, et quelle est son ambition morale ? Nous étudierons tout d'abord l'art de la narration dans cette fable, puis la visée satirique de La Fontaine dans sa description du curé songeur. Nous analyserons enfin la réflexion sur la condition humaine que propose ce texte (...)
[...] Le jeu de mots final le curé Chouart, qui sur son mort comptait rappelle une dernière fois au lecteur le caractère intéressé du prêtre. Au rebours de toutes les valeurs chrétiennes, le mort devient donc pour l'Eglise une valeur marchande. Il n'est plus qu'une chose, dont on oublie l'âme, bien et dûment empaqueté que l'on emmène au cimetière au plus vite pour toucher son salaire L'insistance de La Fontaine sur la bière le plomb (v33) montre la réification de la personne pour le clergé, qui ne se préoccupe pas de spiritualité mais se révèle mercantile. [...]
[...] La brièveté et la variété La Fontaine a écrit, avec Le curé et le Mort un petit récit alerte. Il relate une anecdote, sans digression, en utilisant pour l'essentiel des octosyllabes, qui confèrent à la fable un rythme vif. L'originalité de la fable tient ici au long développement de la situation initiale, qui met en valeur la seule péripétie, qui fait office à la fois d'élément perturbateur, d'élément de résolution, et de situation finale : l'accident dans lequel le curé trouve la mort. [...]
[...] Conclusion Avec Le Curé et le Mort La Fontaine a écrit un récit plaisant, au rythme alerte, aux effets variés, d'une tonalité originale, mêlant l'humour et l'ironie. L'opposition des personnages permet de mettre en valeur les défauts du curé lascif, cupide et hypocrite, à travers lequel La Fontaine fait une satire virulente des gens du clergé, qui se préoccupent de notions plus matérielles que spirituelles. Cette fable est aussi l'occasion pour le fabuliste de développer la réflexion amorcée avec La Laitière et le Pot au lait sur le pouvoir de l'imagination qui nous éloigne du réel ; dans Le Curé et le Mort elle apparaît comme aussi nécessaire que l'espérance, mais liée à l'égoïsme fondamental de l'être humain. [...]
[...] La morale est d'ailleurs explicite, ce qu'il faut retenir de cet apologue est que le curé comptait sur le Mort comme Perrette comptait sur le Pot au lait L'auteur invite donc le lecteur à comparer les deux fables afin d'en dégager le sens moral. La Laitière et le Pot au lait raconte la rêverie d'une laitière sur le profit qu'elle imagine pouvoir tirer de son lait, et se voit déjà acheter des poulets, puis un cochon, une vache et un veau ; mais dans l'exaltation de ses pensées, elle fait tomber son pot : adieu veau, vache, cochon, couvée La Fontaine réutilise l'expression, mais de façon moins développée dans Le Curé et le Mort : adieu le char La fable invite donc à prendre en considération le pouvoir de l'imagination qui dirige nos vies. [...]
[...] v7) ; à l'intérieur même du récit, La Fontaine fait alterner les temps, avec de l'imparfait 10-14, 18-20, 24-28), du présent de narration (v30-35), d'énonciation (dans les paroles rapportées), ou de vérité générale 37). La Fontaine a donc cherché à garder le caractère brutal de l'anecdote, tout en la rendant plaisante. Les personnages Il développe cependant suffisamment son récit pour le lecteur jouisse des parallélismes qu'il a créés entre ses personnages. Ceux-ci sont dès le titre mis en relation, avec la conjonction et qui laisse s'interroger sur le sens : souvent les personnages qui donnent le titre de la fable s'opposent, comme le Corbeau et le Renard, ou le Lièvre et la Tortue. [...]
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