Emmanuel Kant, "Critique de la raison pure", Préface de la deuxième édition : commentaire

Résumé du document

Agir avec logique quand il s'agit de mathématiques sous-entend qu'à partir d'un problème, on va émettre un raisonnement qui ne pourra être remis en cause du fait qu'il s'appuie sur des bases solides, sûres, certaines et inébranlables. Dans cette préface de la deuxième édition de la Critique de la Raison pure Kant s'interroge sur la logique, ainsi il se demande ce qu'elle est, ce qu'elle ne peut être, comment s'est-elle édifiée pour en arriver au point où elle en est ? Il a en fait pour but de montrer que la logique n'est pas le fruit de multiples contributions mais au contraire, il veut démontrer que depuis sa naissance, la logique est dotée d'une définition qui ne lui permet pas de connaître une évolution au fil du temps (...)

Extraits

[...] Elle détient ce rôle important qui est celui de servir de repère aux sciences on peut même aller jusqu'à dire que la logique est condition de toute science si l'on se réfère aux propos de Kant. La logique a suivi le modèle des sciences pour se construire mais maintenant elle sert de repère, leur permet d'exister, d'évoluer Les sciences ont la logique comme point d'appui alors comment serait-il possible de modifier ce point d'appui qui tient toutes les sciences en place ? Une simple modification de la logique aurait donc pour conséquence une remise en cause de toutes les vraies sciences. [...]

[...] Entrer dans cette route signifie que l'on a suivi un modèle identique à celui des sciences, c'est-à-dire que l'on a réussi à s'appuyer sur des bases sûres et incontestables. Selon lui, la logique est entrée dans cette voie et ce qui lui permet de dire cela est le fait qu'elle n'a pas été forcée de revenir sur ses pas durant son cheminement. De fait, il met en parallèle la raison qui est dans cette voie certaine et la logique qui s'y trouve elle aussi car elle n'a pas eu besoin de faire un pas en arrière depuis le premier traité de logique d'Aristote, l'Organon. [...]

[...] Or celles de la logique sont déterminées très exactement par ceci qu'elle est une science qui expose en détail et démontre rigoureusement les seules règles formelles de toute pensée (que cette pensée soit a priori ou empirique, qu'elle ait telle ou telle origine et tel ou tel objet, qu'elle rencontre dans notre esprit des obstacles accidentels ou naturels). Si la logique a été si heureuse, elle ne doit cet avantage qu'à son étroite spécialisation, qui l'oblige à faire abstraction de tous les objets de la connaissance et de leur différence, et qui veut que l'entendement ne s'y occupe que de lui-même et de sa forme. Il devait être naturellement beaucoup plus difficile pour la raison d'entrer dans la voie sûre de la science, lorsqu'elle n'a plus seulement affaire à elle-même, mais aussi à des objets. [...]

[...] TEXTE ETUDIE Dans le travail auquel on se livre sur les connaissances qui sont proprement l'œuvre de la raison, on juge bientôt par le résultat si l'on a suivi ou non la route sûre de la science. Si, après toutes sortes de dispositions et de préparatifs, on tombe dans des difficultés nouvelles au moment où l'on croit toucher le but; ou si, pour l'atteindre, on est souvent forcé de revenir sur ses pas et de prendre une autre route; ou bien encore s'il est impossible d'accorder entre eux les divers travailleurs sur la façon dont le but commun doit être poursuivi, on peut être convaincu que cette étude à laquelle on se livre est loin d'être entrée dans la voie sûre de la science, mais qu'elle est encore un simple tâtonnement. [...]

[...] En revanche, il parait étonnant que Kant affirme que la logique n'ait pas connu d'évolution. Si la logique a suivi la voie sûre de la science, elle a du adopter en quelque sorte le comportement d'une vraie science or, une vraie science se distingue d'une fausse notamment par le fait qu'elle se sait dans le faux, par le fait qu'elle va chercher à prouver ses défauts, mais ici Kant ne semble pas en tenir compte, on pourrait penser que la logique n'a pas assez démontré sa véracité et rien n'indique que la logique peut se comparer à une vraie science ayant des bases incontestables. [...]