La Critique de la Raison pure de Kant, dont la seconde édition paraît en 1787, est divisée en deux grandes parties : d'une part, la « Théorie transcendantale des éléments », et d'autre part, la « Théorie transcendantale de la méthode ». Si la première traite des éléments de la connaissance a priori et constitue le cœur de l'ouvrage, la seconde porte sur la méthode permettant de déterminer les conditions formelles d'un système complet de la raison pure. Cette seconde partie se subdivise en quatre chapitres : la « discipline de la raison pure », le « canon de la raison pure », l'« architectonique de la raison pure » (dont notre texte est extrait) et enfin l'« histoire de la raison pure ».
La Critique de la Raison pure se propose de répondre à la question : « que puis-je savoir ? », c'est-à-dire savoir du suprasensible (Dieu, mon âme, le monde), autant d'objets qui ne sont pas donnés dans le monde sensible. Contrairement à la physique qui porte sur un objet observable, c'est-à-dire les phénomènes naturels, la métaphysique quant à elle, porte sur des entités qui ne tombent pas sous le sens, qui sont soustraites à l'observation. Elle utilise comme seul moyen d'investigation la raison pure, affranchie de l'expérimentation. Or Kant démontre tout au long de sa première Critique que la métaphysique n'est pas possible au plan théorique, car elle ne satisfait pas aux règles ou conditions de toute connaissance objective (se rapporter aux phénomènes, mais également fonder ses jugements synthétiques a priori sur les intuitions pures de l'espace et du temps).
[...] Mais ces erreurs ne sont pas limitées au domaine scientifique : en effet, pour Kant, si la raison se trompe, ses erreurs se répercuteront également sur la morale et la religion. C'est pourquoi la métaphysique est une science nécessaire, malgré les critiques acerbes et méprisant[e]s d'autres philosophes (l.8). En d'autres termes, l'utilité de la métaphysique ne doit pas être jugée en fonction de ses résultats, c'est-à-dire sur le fait qu'elle donne ou non une réponse aux questions qu'elle se pose, mais plutôt d'après sa nature scientifique (l.9). [...]
[...] Nous traiterons ainsi dans un premier temps la métaphysique comme frein aux débordements de la raison (paragraphe puis dans un deuxième temps la réaffirmation du caractère scientifique de la métaphysique (paragraphe et enfin dans un troisième temps la métaphysique comme voie vers la raison pratique (paragraphe 3). Dans le premier paragraphe, Kant définit l'objet de la métaphysique, notamment dans le cadre de la religion et de la morale. Il commence par écarter les objections que les dogmatiques formulent à l'encontre de la métaphysique. En effet, il affirme que la religion ne se fonde pas sur la métaphysique, car cette dernière ne prétend pas connaître l'essence de Dieu ou prouver son existence. [...]
[...] Or Kant infléchit ici légèrement sur le sens du terme métaphysique En effet, elle n'est plus considérée comme une disposition naturelle de la raison, mais comme une science ce qui a pour conséquence qu'il n'est plus question d'une tendance au suprasensible, autrement dit d'une ouverture laissée à la raison qui croit pouvoir tout connaître, mais bien au contraire de la constitution d'une science des limites de la raison humaine : en d'autres termes, il ne s'agit plus d'aller au-delà de l'expérience dans une forme d'hybris de la raison, mais de comprendre ce qui la rend possible. La métaphysique permet ainsi d'éviter à la raison, par essence orgueilleuse, de commettre des erreurs. C'est pourquoi elle doit être protégée, car elle joue pour la raison humaine le rôle de garde-fou. [...]
[...] La métaphysique a donc pour vocation d'achever la culture de la raison, en la conduisant à sa véritable destination. Cette qualité proprement humaine confère à la métaphysique bien plutôt de la dignité et du prestige (l.31-32) et la rend digne de respect. Elle est ce qui permet à tout sujet de se donner des fins, des buts, des principes et des obligations ; mais elle est aussi chez Kant synonyme d'une certaine réceptivité aux Idées, ou plus généralement à ce qui transcende l'expérience sensible. [...]
[...] Ainsi, la raison, dans le sens où elle s'attache avec la métaphysique à parvenir à des fins essentielles, doit, tout comme dans le domaine scientifique, fonder ses affirmations sur des preuves solides, mais également réfuter toute idée non justifiée par une recherche méthodique, deux exigences scientifiques qui s'appliquent à la métaphysique. Après avoir montré que la métaphysique constituait un frein aux débordements de la raison, dans le domaine religieux, mais aussi moral, Kant va réaffirmer son caractère scientifique en l'inscrivant à part entière dans la philosophie. Kant débute ce deuxième paragraphe en définissant ce qu'est la philosophie. [...]
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