J'ai pris le risque de faire une analyse détaillée d'une œuvre contemporaine. Cette œuvre est un roman d'Eric-Emmanuel Schmitt publié en 2003 intitulé Lorsque j'étais une œuvre d'art. S'il est rare de pouvoir faire des analyses littéraires sur des objets contemporains, ce n'est pas moins un exercice intéressant et difficile qui est trop souvent oublié de tous. Analyser un roman écrit de nos jours c'est analyser un style, une conception du monde, une conception de notre monde.
Lorsque j'étais une œuvre d'art est une œuvre que je trouve bien écrite et qui énonce de grands problèmes propres à notre siècle et à notre soi-disant avancée artistique. Le titre énonce déjà le problème. Comment lier le pronom personnel sujet « je » avec le substantif « œuvre d'art ». Qu'est-ce qu'une œuvre d'art au XXIème siècle? Le corps peut-il devenir œuvre d'art? Si le corps devient objet d'art, le reste c'est-à-dire l'âme, la conscience doivent alors s'anéantir. La frontière entre l'objet et l'homme devient ici une ligne discontinue que l'on peut franchir et qui s'efface peu à peu. Toutes ces questions sous-jacentes à cette œuvre montrent qu'elle peut être lue plus que comme un roman mais comme un roman philosophique (il ne paraît pas inutile de rappeler que l'auteur est agrégé de philosophie).
Pour étudier cette œuvre, j'ai tout d'abord choisi de construire un commentaire composé sur l'œuvre entière pour ensuite étudier l'incipit de l'œuvre; ce qui je pense permettra de dresser les linéaments de ce roman.
[...] La douleur est là, il ne peut pas faire ce qu'il veut. De la violence le personnage est passé à la frustration. Quant à la réaction du sauveur, elle est étrange puisque lui si hautain si puissant c'est vexé. Il y a une rupture entre les deux personnages, le premier retourne se suicider. L'auteur tourne au dérisoire ce suicidaire et son action : Je n'allais pas me gâcher ma mort pour un crétin (l.120) ou encore Je respirai une large rasade pour retrouver mon calme. [...]
[...] Par les expositions les plus vues vont être celles qui ont été les plus présentées à la télévision. Il restera toujours de petits artistes non connus mais dont le travail reste admirable. Ceci fonde l'opposition entre Zeus et Hannibal. Ce texte se pose la question de la création, être différent pour être un génie. Il pose également les questions d'un surréalisme invivable, de l'opposition propre à chaque nouveau changement entre anciens et modernes, d'un certain voyeurisme qui s'opposerait alors à la liberté: J'étais si désireux de me battre pour conquérir ma liberté que je devenais inquiet. [...]
[...] L'ambiance est sombre et dangereuse. Le décor est à la fois mobile et vacant : un moutonnement d'eaux immense, furieux, chaotique, comme un défi à l'immobile (l.20 Les énumérations font accélérer le décor vers la chute. Les formes agissent comme des pièges : malformées pas parfait écorché Les pierres et le décor tout entier reflètent l'erreur humaine. La gradation est accentuée par le verbe métaphorique poignarder »l.19, terme fort qui choc ; la crainte du suicide est réelle, ressentie. Ce n'est plus la chute c'est le gouffre d'où ces trois principaux adjectifs : immense, furieux, chaotique Le gouffre devient oxymore à l'immobile. [...]
[...] La réflexion qu'il mène et l'amour qu'il va connaître vont le sauver de ce statut d'œuvre d'art où certes il était admiré mais où il n'était paradoxalement plus vivant. Cet amour, il va le connaître pour un artiste (amour du beau et du bon) et pour la fille de cet artiste (amour passionnel). La fin de Lorsque j'étais une œuvre d'art est essentielle. On apprend que ce texte n'est autre que les mémoires d'Adam ou de Tazio pour ses enfants. Ce récit est écrit vingt ans après les faits. [...]
[...] Sa supériorité est donc montrée par sa richesse mais aussi par sa détermination. Tout est dit dans la phrase : me regardait de bas en haut comme on détaille un objet l.87. Lui est dans la vie, l'abondance ; pas le suicidaire. La voix continue à lui parler. On ne connaît rien de ces deux personnages, dès à présent c'est leur seul point commun. Le terme imagination de la ligne 90 est la clé de ce livre : TROP D'IMAGINATION TUE L'IMAGINATION. [...]
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