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Ici, c'est l'une des plus belles pages du traité. Voltaire part de faits précis et en fait un appel à la tolérance. Cette page est très célèbre car c'est l'illustration du rôle d'un intellectuel : il part d'un fait précis, il en enlève l'anecdote et il le rend universel.
En 1762, a lieu l'Affaire Calas : Le 10 mars 1762, Jean Calas est condamné à mort par le Parlement de Toulouse. Il est soumis au supplice de la roue, car il est accusé du meurtre de son fils parce qu'il le soupçonnait de vouloir se convertir au catholicisme. (Il était protestant).
Voltaire a commencé à enquêter car il était scandalisé. Au fond, Calas a été arrêté, condamné et exécuté sans preuve.
Voltaire va se battre pendant trois ans, et en 1765, il arrive à faire réhabiliter Jean Calas.
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C'est un texte très bien organisé, il est d'un seul bloc, seulement des parties s'en dégagent.
Voltaire a su choisir une forme qui épouse le fond. C'est un très bel exercice de style.
A la forme s'ajoute le ton. D'habitude, il y a beaucoup d'ironie, là il n'y a qu'une seule périphrase :
- Lignes 19 à 21 : "ceux dont l'habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d'un petit tas de boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal"
-> C'est la toute puissance hypocrite de l'Eglise.
C'est tout.
-> Il y met un ton solennel, sérieux, grandiloquent.
Il a recours aux périodes, longues phrases subordonnées. C'est un peu monotone donc il y met un ton incantatoire.
Il y a une énumération ternaire : "de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps"
Il y a la répétition d'une formule :
- Ligne 4 : "à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables"
Il y a aussi une période longue avec huit "que".
A la fin, nous avons :
- Lignes 26 à 30 : "Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous as donné cet instant."
-> C'est une énumération ou une accumulation (...)
[...] Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant. I Présentation : On sait que Voltaire s'est fait le champion de la justice. Lui qui voulait s'illustrer par sa poésie et son théâtre, on se souvient de lui grâce à ses contes philosophiques et ses révisions de procès. - 1763 : Le Traité sur la tolérance - Le Dictionnaire philosophique Ici, c'est l'une des plus belles pages du traité. [...]
[...] Il y a : - Ligne 9 : les petites différences ( D'ordre physique - Ligne 10 : entre tous nos langages ( D'ordre intellectuel - Ligne 11 : entre toutes nos lois imparfaites ( D'ordre social - Lignes 11 et 12 : entre toutes nos opinions insensés, entre toutes nos conditions si disproportionnés à nos yeux (D'ordre moral. Conclusion de la démarche : Il y a une dernière note chrétienne : - Ligne 14 : ne soient pas des signaux de haine et de persécution. Tout est négatif dans son énumération, toutes ces faiblesses ne doivent pas être l'occasion de nous déchirer. Cette prière est plus une prière de philosophe, car Voltaire s'adresse plus aux hommes. [...]
[...] Il a des sentiments typiquement chrétiens : - Lignes 6 et 7 : Tu ne nous a point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger. ( Dieu nous a donné un cœur pour aimer et des mains pour aider : c'est l'amour du prochain. Voltaire le traduit de façon positive. On a fait de ces deux instruments d'amour, des instruments de haine. On trouve à la ligne 24, également un sentiment de fraternité : Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères ! ( Car nous sommes tous les fils d'Adam. [...]
[...] Il y a une idée qui ressort, elle est intéressante par les verbes : - Ligne 15 : supportent - Ligne 17 : ne détestent pas - Ligne 18 : soit égal - Ligne 21 : jouissent sans orgueil - Ligne 22 : voient sans envie ( Tout cela est un appel à la tolérance. Cela donne un côté plus solennel, qui fait mieux passer le message. Cette prière est moins tournée vers Dieu que vers les hommes. Voltaire n'attend aucune faveur céleste, mais plutôt une aide pour que les hommes vivent mieux entre eux. [...]
[...] On peut faire part d'un étonnement : Voltaire se met en situation d'infériorité. Il y a le rappel de la vision biblique de l'homme dans le texte. ( L'homme est perdu avec son pêché originel. C'est une vision très pascalienne. (Cf. Les deux infinis de Pascal). Voltaire a une démarche : - Lignes 2 et 3 s'il est permis à de faibles créatures perdues dans l'immensité - Ligne 13 : les atomes appelés hommes ( Ce sont des termes empruntés à Pascal, pour lui, l'homme est perdu entre un infiniment grand et un infiniment petit. [...]
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