Dans un contexte de relâchement des moeurs, depuis la mort de Louis XIV, en 1715, se développe une littérature qui rend compte de ce dévoiement moral.
Le roman Les Égarements du coeur et de l'esprit de Crébillon fils appartient à ce mouvement. La première partie est rédigée en 1736 et la seconde en 1738. L'oeuvre présente les premiers émois amoureux d'un jeune homme, Meilcour, nouvellement introduit dans la vie mondaine. Sa passion se destine d'abord à la marquise de Lursay. Mais il apprend par le comte de Versac que c'est une libertine qui multiplie les amants (...)
[...] Pour conclure, dans Les Égarements du cœur et de l'esprit de Crébillon fils, Meilcour, jeune homme apprenant les principes qui régissent la vie mondaine, va faire l'expérience de la trahison. Dans ce passage, il est confronté à la naissance du désir suscité par son envie de vengeance contre Madame de Lursay. Mais, l'ambigüité réside dans le fait qu'il éprouve à la fois des sentiments vindicatifs et faussement passionnés. Meilcour se transforme donc progressivement en un véritable libertin en s'abandonnant entièrement au désir. [...]
[...] Le mouvement du texte est quelque peu chaotique, il suit les égarements du cœur de Meilcour, entre vengeance et désir. Il est en effet traversé en même temps par un certain nombre d'émotions différentes. Dans une première partie, de Je croyais en sentir redoubler mon mépris pour elle il décrit son absence de passion à l'égard de Madame de Lursay. Dans une deuxième partie, de en achevant le panégyrique de Versac jusque il importait peu que je l'estimasse il apparaît comme hors de lui-même, rempli de désir. [...]
[...] Le dialogue échangé entre Meilcour et Madame de Lursay paraît tout à fait conventionnel. En effet, il se caractérise par l'usage d'une langue précieuse, faite de questions affectées telles que celle de la marquise : Que signifie donc ce discours ? feignant l'ignorance. Le langage fait donc apparaître des clichés comme la fausse prude. L'amour est réduit à une pure convention. Mais ce langage est aussi suggestif. Sous l'aspect policé des mots, les personnages laissent transparaître leur réel désir. Ainsi, après que Meilcour, entreprenant, lui a baisé la main, Madame de Lursay le trouve plus sage que lors de leur dernière entrevue. [...]
[...] Meilcour, meurtri dans son amour propre par la trahison de la marquise, se laisse manipuler par Versac et, lorsqu'il pense à son tour duper Madame de Lursay en affectant l'amour pour elle, il répond en réalité à ses attentes et continue à être sa proie. Ainsi, tout ceci est un jeu de dupes au profit du plaisir. L'amour est donc un concept suranné pour les libertins qui n'y voient qu'une mise en scène ou encore un prétexte pour la vengeance et la manipulation en vue de la réalisation de leur désir. Conclusion. [...]
[...] Les Égarements du cœur et de l'esprit, Crébillon fils. (Folio classique, p.143-144 : Je croyais en sentir redoubler mon mépris pour elle. [ ] Que je prétends, repris-je, que vous m'aimiez que vous me le disiez, que vous me le prouviez enfin Résumé : Il s'agit de percevoir, à travers l'étude de cet extrait, comment le personnage central du roman, Meilcour, va parvenir petit à petit à se transformer en un véritable libertin et perdre petit à petit les illusions liées à l'amour. [...]
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