La Cousine Bette, Balzac, excipit, passion, vertu, attitude morale, désolation, monomanie, horreur, hypotypose, vice
En 1847, après l'avoir fait paraître en feuilletons, Honoré de Balzac (1799-1850) publie en volume La Cousine Bette, roman qui s'intègre à sa Comédie humaine et notamment aux Scènes de la vie parisienne. Avec Le Cousin Pons, ce roman constitue ce que Balzac a nommé Les Parents pauvres.
Ce roman se veut le portrait d'Elisabeth Fischer, cousine d'Adeline, d'où le titre de Cousine Bette. L'extrait présent s'avère être l'excipit du roman, lieu du dénouement des tensions et de la prise de congés du narrateur. Adeline meurt et le baron se remarie avec une jeune fille.
[...] En définitive, l'excipit de La Cousine Bette sacre Balzac en écrivain de talent. Par son art des portraits, par son habileté à mettre en scène les épisodes clefs de son roman, par son talent pour la chute romanesque, Balzac signe le triomphe de son génie littéraire qui dépeint les hommes de son temps, en une Comédie humaine sans concession. Ce dénouement effrayant marque la virtuosité du romancier, véritable maître d'œuvre, qui a su prendre à contre-pieds ses lecteurs lors de ce spectacle du triomphe du vice qu'est cet excipit romanesque. [...]
[...] Les leçons à tirer de cet excipit Le roman se clôt sur le mariage d'Agathe et du baron Hulot. Mais quelle leçon Balzac souhaite-t-il apporter ici ? Quel(s) personnage(s) semble(nt)-t-il alors l'emporter ? Et quel triomphe est-il sacré ici ? C'est tout le génie balzacien qui est contenu dans cet excipit. Si cette fin de roman s'attache à peindre en une vision d'horreur la mort d'Adeline, à montrer la victoire du couple adultère, il s'agit bien plutôt pour le narrateur de suggérer le succès d'un autre personnage. [...]
[...] Épouse aimante et dévouée, elle craint pour la santé de son mari comme en témoigne la succession des expansions du nom « prise de peur, croyant à une catastrophe tragique, à l'apoplexie » (l. 25-26). Le narrateur la dépeint par son empathie, comme le suggèrent les connotations de la quasi-redondance « catastrophe » et « tragique ». La baronne est également dépeinte à travers sa modération. Elle ne se plaignit pas de son sort, à peine au moment de sa mort comme le soulignent le verbe « échappa » (l. 40) et l'adjectif exclusif « seul » (l. 41) épithète du syntagme « mot de reproche » (l. 41). [...]
[...] « près de faire éclater la cotonnade » (l. 10) (le verbe « éclater » exagère donc le surplus de chair). Son visage est banal (« un visage commun » l. son teint détone au regard du teint pâle, noble, des aristocrates (« rougeaude », « jaunes », « bons bras rouges » l. 7). Elle se montre peu fréquentable : « elle était grossière dans son langage, car elle avait servi les rouliers, elle sortait d'une auberge de faubourg » (l. 14-15). En définitive, si le baron la choisit, c'est parce qu'elle a su se rendre disponible : « Agathe tenta médiocrement le cuisinier » (l. [...]
[...] Et c'est bien cet art de la chute, du retournement final, qui fit et qui fait encore le succès de La Cousine Bette. Ainsi, si un autre triomphe est à relever ici, c'est bien plutôt celui de l'écrivain. La mise en scène de ce passage final est alors à lire métaphoriquement comme une mise en scène de son propre travail d'écrivain : Balzac demeure, malgré tout, celui qui tire les ficelles dans ses romans et qui triomphe par son art de la manipulation du lecteur, illusionné par le narrateur. Ainsi, la clôture du roman signe bien une victoire inattendue. [...]
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