Molière, L'Avare, Le Misanthrope, Horace, Boileau, Le Médecin volant, Comédie, Sganarelle, auteur comique, Monsieur Jourdain, Le Bourgeois gentilhomme, Balzac, Comédie Humaine
Boileau, grand théoricien du théâtre classique, a repris dans son Art poétique l'un des préceptes qu'Horace présentait déjà dans le sien : le célèbre placere et docere, « plaire et instruire ». Ce mot d'ordre, ils le fixent tous deux comme objectif à l'oeuvre littéraire, et en particulier à la comédie. Molière l'a dit autrement en affirmant que « le devoir de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant ». Si aujourd'hui, dans notre société du divertissement, nous comprenons bien la nécessité de « plaire », peut-être avons-nous plus de mal à envisager celle d'« instruire », qui met le lecteur ou le spectateur dans une position d'élève, et l'auteur dans une posture de maître. Aussi, sommes-nous amenés à nous poser la question suivante : la comédie est-elle là pour donner des leçons aux spectateurs ?
[...] Nous l'avons annoncé, Molière pose des questions au spectateur sans toujours lui fournir les réponses, adoptant en cela une démarche qu'on peut qualifier de philosophique. Ainsi dans Le Misanthrope, nous voyons dans le caractère d'Alceste la misanthropie qui donne à la pièce son titre, c'est-à-dire le dégoût des vices et des défauts de l'homme. Il représente à ce titre la conscience moliéresque de l'imperfection de la condition humaine ; mais là où Molière, en tant qu'auteur, fait voir aimablement et humoristiquement ces défauts, Alceste lui ne peut s'empêcher de les critiquer vertement, et de se fâcher avec ses proches et tous les gens qu'il côtoie. [...]
[...] Comme nous avons pu le constater, il n'est pas aisé de déterminer si la comédie doit ou ne doit pas donner de leçons au spectateur ou au lecteur. Dans certains cas, l'auteur peut certes passer pour un maître qui explique le monde à ses élèves : il est celui qui instruit - et l'on retrouve ce verbe ambigu que nous retrouvions chez Horace et Boileau. Dans d'autres cas, l'auteur dramatique laisse le public tirer ses propres leçons plutôt que lui faire la leçon. [...]
[...] Dorante de son côté représente la noblesse courtisane désargentée du XVII[ème] s., celle qui a perdu son pouvoir militaire et sa supériorité financière. Molière peint ainsi la société de son temps, lui offre un miroir où se reconnaître et, éventuellement, se juger. S'agit-il alors de donner une leçon ? En un sens oui, puisque montrer, c'est toujours choisir, et un choix implique une éthique : il y a une leçon éthique à tirer des pièces de Molière. Et en un sens non : Molière ne nous fait pas la leçon, il nous laisse réfléchir librement à ce que nous voyons. [...]
[...] Ces scènes mettent en œuvre des procédés comiques efficaces, qui amènent l'hilarité du spectateur. Que nous disent ces deux exemples ? D'une part, que dans la comédie classique le rire est bien présent, et qu'il vise toujours un personnage : on rit de, on se moque de. Et en riant d'un personnage, ce qu'on tourne en ridicule, ce sont ses défauts ; ce dont on se moque, c'est de ses vices. La comédie permet de mettre en scène les imperfections des hommes sous un aspect plaisant et drôle. [...]
[...] Encore faut-il voir que si la comédie fait rire, c'est toujours aux dépens des Hommes. C'est ainsi qu'une comédie telle que Le Médecin volant montre, d'une manière grotesque et déformée, la médiocrité du corps médical. Dans l'extrait de notre corpus, Sganarelle joue le rôle d'un faux médecin, et tourne en dérision cette profession. Le comique de geste (lorsqu'il boit l'urine de la patiente), de situation (lorsqu'il se trompe de malade, et prétend soigner la fille en examinant le père), et de mots (cf. [...]
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