Europe septentrionale, scripturalité féminine, Charlemagne, production scripturaire, Religion, écriture, scripturalité, culture de l'écrit, corpus documentaire, abbaye, Catherine Letouzey Réty, Christine de Pisan, Marie Elisabeth Henneau, Marion Chaigne, Alison Stones, Moyen-âge, production écrite, transcription, femme savante, Gilles de Rome, monastère, instruction, sociologie
Le corpus documentaire met en avant, au travers des cinq textes, le rapport des femmes vis-à-vis de l'écrit et d'une manière générale la scripturalité féminine. Le premier article reprend les principales conclusions d'un travail de thèse effectué par Catherine Letouzey Réty, thèse qu'elle a soutenue en 2011. Cette thèse porte sur : Écrits et gestion du temporel dans une grande abbaye de femme anglo-normande : La Sainte-Trinité de Caen (XIe/ XIIIe siècle). Au travers de ces grandes conclusions, on peut alors entrevoir le travail scripturaire, mais aussi intellectuel que certaines de ces femmes ont exécuté au sein de l'abbaye afin d'en assurer une gestion des plus optimale, se plaçant ainsi dans une continuité de celui des moines, avec parfois en plus l'emploi de méthodes originales et inédites. Le deuxième article s'intitule Christine de Pisan lectrice de Gilles de Rome, rédigé par Daisy Delogu en 2017. Le sujet ici porte sur la poétesse Christine de Pisan et plus particulièrement sur son oeuvre Livre des faits et bonnes meurs du sage Roy Charles V. La rédactrice de l'article nous explique précisément comment cette oeuvre de Christine de Pisan s'avère être bien plus qu'une simple reproduction de l'oeuvre de Gilles de Rome et nous offre la compréhension de l'articulation mentale et scripturaire qu'effectue alors Christine de Pisan pour rédiger son oeuvre grâce au De Regimine principum. Le troisième article rédigé par Marie Elisabeth Henneau en 2019 est intitulé : La Cistercienne et le livre : analyse de quelques exemples liégeois entre le XIIIe et le XVe siècle. La rédactrice traite ici de la place qu'occupe la scripturalité dans une abbaye. Elle explique plus précisément le rapport de la femme vis-à-vis de l'écrit religieux, contrairement au premier texte qui traire essentiellement de l'écrit de gestion au sein d'une abbaye. Le quatrième article traite du rapport des femmes avec l'écrit au support de l'étude de testaments parisiens du début du XVe siècle. Cet article a été rédigé par Marion Chaigne et a été publié en 2012. Enfin, le cinquième et dernier article est produit par Alison Stones en 2007 et s'intitule : Some Portraits of Women in Their Books ( XIIIe/ XIVe siècle). Alison Stones, au travers de cet article, nous livre grâce à l'étude de plus d'une soixantaine de manuscrits la place que tiennent les femmes qui commandent ces ouvrages et s'y font représenter.
[...] Cependant, on peut nuancer cette scripturalité féminine mise en avant par les articles. Elle reste encore en retrait vis-à-vis de celle des hommes, mais sans pour autant négliger le rôle que les femmes ont joué dans la révolution de l'écrit. Cette scripturalité féminine va continuer d'évoluer comme on a pu le voir grâce aux articles. À l'époque moderne, les femmes font être encore plus familière de l'écrit, avec une meilleure accessibilité à l'instruction. Mais, qui là encore est le souvent réservée aux strates sociales supérieures. [...]
[...] Cette œuvre laisse alors entrevoir tout le bagage culturel que devait détenir Christine de Pisan afin de pouvoir entreprendre la rédaction d'une telle œuvre. Rédaction qui passe par la compréhension d'un texte qui n'est pas le sien, la capacité de réussir à la mettre en opposition et d'instituer un dialogue entre les deux. Mais, cette œuvre montre également la capacité mentale scripturaire dont Christine de Pizan fait preuve. Christine de Pizan s'illustre ici dans un domaine qui n'est pas le sien, le domaine de la littérature philosophique où sont plus largement plus représentés les hommes. [...]
[...] Les femmes issues des hauts rangs de la noblesse vont alors jouer un rôle important dans cette la propagation de l'écrit. Elles sont devenues de véritables mécènes dans cette scripturalité en favorisant la commande d'écrits. Écrits où elles se font d'ailleurs représenter, comme nous le montre l'article écrit par Alice Stones. Pourtant, la rédactrice de l'article met également en avant que d'autres femmes n'étant pas issues de cette noblesse vont participer à la pratique scripturaire avec les livres de dévotion. [...]
[...] Ces femmes peuvent préparer leurs testaments montrant une avancée dans leurs droits. On voit également que certaines femmes vers la fin du XIVe siècle quittent leurs statuts de femmes copistes, de mécènes ou encore de commanditaires. Le profil d'une femme autrice se distingue, elle possède un auctoritas comme Christian de Pizan, mais se confronte aussi aux critiques de ces homologues masculins. La scripturalité féminine évolue dans le temps et gagne en importance. Évolution qui nous permet d'aborder une question encore très peu évoquée, l'origine sociale des femmes qui sont familières de ces écrits. [...]
[...] HENNEAU Marie Elisabeth, « La Cistercienne et le livre : analyse de quelques exemples liégeois entre le XIIIe et le XVe siècle », Livres et lecture de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Anne Marie LEGARE, éd, Turnhout ( Paleography, Manuscript Studies &Book History), p.175-190. LETOUZEY-RETY Catherine, « Administrer par l'écrit dans une grande abbaye de femmes anglonormandes », Administrer par l'écrit au Moyen Âge (XIIe/XVe siècle), Harmony DEWEZ et Lucie TROYEN, dir, Paris p.23-39. STONES (Alison), « Some portraits of women in their book, late Thirteenth - early Fourteenth century », Livres et lecture de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Anne Marie LEGARE, éd, Turnhout (Paleography, Manuscript Studies &Book History), p.175-190. [...]
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