Ce monologue, composé de stances (formes versifiées du monologue et pourvues d'un rythme particulier), est extrait du Cid de Corneille, créé en janvier 1637 et constitué de cinq actes. C'est la neuvième pièce du dramaturge et sa deuxième tragi-comédie.
Rodrigue, le Cid, est le fils de Don Diègue et l'amant de Chimène, la fille de Don Gormas, qu'il a prévu d'épouser. Or Don Gormas a offensé son père, et Rodrigue doit désormais choisir entre le venger lors d'un duel et perdre sa bien-aimée, ou choisir Chimène et perdre son honneur (...)
[...] Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père ; J'attire en me vengeant sa haine et sa colère ; J'attire ses mépris en ne me vengeant pas. À mon plus doux espoir l'un me rend infidèle, Et l'autre indigne d'elle. Mon mal augmente à le vouloir guérir ; Tout redouble ma peine. Allons, mon âme ; et puisqu'il faut mourir, Mourons du moins sans offenser Chimène. Mourir sans tirer ma raison ! Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ! Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison ! [...]
[...] II) La mort n'est pas une option Incapable de prendre une décision, Rodrigue penche pour le suicide : il vaut mieux courir au trépas En effet, faute de pouvoir choisir entre Chimène et son père, puisqu'il se sent redevable envers ces deux personnages qu'il aime tant, le suicide lui paraît une solution envisageable. Mais comme pour tout héros tragique, et qui plus est chrétien, se donner la mort n'est pas une possibilité. Elle est condamnée par la religion comme par le sens du devoir et ne peut donc advenir. [...]
[...] Respecter un amour dont mon âme égarée Voit la perte assurée ! N'écoutons plus ce penser suborneur, Qui ne sert qu'à ma peine. Allons, mon bon, sauvons du moins l'honneur Puisqu'après tout il faut perdre Chimène. Oui, mon esprit s'était déçu. Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse : Que je meure au combat, ou meure de tristesse, Je rendrai mon sang pur comme je l'ai reçu. Je m'accuse déjà de trop de négligence ; Courons à la vengeance ; Et tout honteux d'avoir tant balancé, Ne soyons plus en peine, Puisqu'aujourd'hui mon père est l'offensé, Si l'offenseur est père de Chimène. [...]
[...] Corneille, Le Cid Le monologue de Rodrigue Introduction Ce monologue, composé de stances (formes versifiées du monologue et pourvues d'un rythme particulier), est extrait du Cid de Corneille, créé en janvier 1637 et constitué de cinq actes. C'est la neuvième pièce du dramaturge et sa deuxième tragi-comédie. Rodrigue, le Cid, est le fils de Don Diègue et l'amant de Chimène, la fille de Don Gormas, qu'il a prévu d'épouser. Or Don Gormas a offensé son père, et Rodrigue doit désormais choisir entre le venger lors d'un duel et perdre sa bien-aimée, ou choisir Chimène et perdre son honneur. [...]
[...] Il se résout donc à agir comme son rang et sa réputation l'exigent. Il se sacrifie aux attentes des autres et de sa famille, en parfait héros tragique. Conclusion Ce monologue a donc contribué à faire du Cid la pièce à l'origine de l'invention du choix cornélien Déchiré, le héros s'arrête un instant et, plein de souffrance, cherche à faire le bon choix. Mais dimension tragique oblige, aucun ne sera satisfaisant pour lui. Il finit par se décider, redonnant un nouveau souffle à l'action à venir. [...]
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