En premier lieu, il est possible de discerner une plainte, visant à la compassion du lecteur : "Qui t'as fait m'estimer digne d'être abusée". Lyse réagit à ce moment - là sur la défensive. Il est possible de discerner la plainte dans les hyperboles qu'elle emploie. Par exemple, vers 817, elle dit : "Qui hait ma sainte ardeur m'aime dans l'infamie". Ici, il est clairement possible de constater qu'elle se considère en temps que victime (...)
[...] D'ailleurs, elle le prouve à travers cette citation : C'était seulement pour ne t'avertir pas de mon ressentiment vers 823. II. Le jugement de l'autre. Il est possible de constater qu'il y a jugement, à commencer par une accumulation d'ordres, traduits par l'utilisation de l'Impératif. Par exemple : Va/ Choisis /Donne Elle s'adresse à un destinataire absent, c'est pourquoi elle s'autorise un pouvoir autoritaire. Une gradation dans l'état de l'atmosphère est par ailleurs détectable. Pour le prouver, il suffit pour cela de citer le vers 833 où elle emploie ces termes : Calme/ tempête/ Orage ‘'Fondre'' peut même faire penser au mot foudre Il y a donc ici un jeu de mots. [...]
[...] Il y par ailleurs, une personnification du sentiment de haine au vers 852. Celui-ci l'emporte. Il s'agit-là du dénouement final. Conclusion : Dans l'extrait étudié, Lyse est tout d'abord indignée, elle utilise une stratégie argumentative qui consiste à se plaindre. Elle se pose en victime pour attirer la compassion du lecteur/public. Et ce par son propre plaidoyer pour défendre son humiliation, l'accusation de son destinataire, les ordres et menaces, la mise en scène de sa peine et sa douleur. Lyse partage son déchirement au public, mais cela vire à l'exagération, à l'hyperbole. [...]
[...] Acte III, Scène 6 ‘'Monologue de Lyse‘' LYSE L'ingrat ! il trouve enfin mon visage charmant, Et pour me suborner il contrefait l'amant : Qui hait ma sainte ardeur m'aime dans l'infamie, Me dédaigne pour femme, et me veut pour amie ! Perfide, qu'as-tu vu dedans mes actions Qui te dût enhardir a ces prétentions ? Qui t'a fait m'estimer digne d'être abusée, Et juger mon honneur une conquête aisée ? J'ai tout pris en riant, mais c'était seulement Pour ne t'avertir pas de mon ressentiment, Qu'eût produit son éclat que de la défiance ? [...]
[...] Mon amour me séduit, et ma haine m'emporte, L'une peut tout sur moi, l'autre n'est pas moins forte, N'écoutons plus l'amour pour un tel suborneur, Et laissons à la haine assurer mon honneur. Introduction : Pierre Corneille, célèbre par son étonnante manière de marier les genres, est un auteur du XVIIe siècle. Son œuvre : Illusion Comique, publiée en 1936 est une œuvre baroque, aussi surnommée Etrange monstre. Dans l ‘extrait que nous allons étudier, il s'agit de Lyse, la servante d'Isabelle, qui ,après avoir subit le discours de circonstance de Clindor, fait un monologue dans lequel elle manifeste son indignation. Mais comment Lyse exprime-t-elle son indignation dans cette scène ? [...]
[...] Ses sentiments prennent comme une forme baroque, avec des oppositions les plus totales : amour/haine Il y a aussi tout une suite d'exclamations. Les verbes sont employés à la forme infinitive. Il s'agit de phrases sèches, qui servent à montrer une certaine indignation. Cela permet aussi de faire accélérer le rythme de la scène. Aussi, un jeu d'opposition est perceptible à travers les termes utilisés. Par exemple : Flamme Maudite/ Bonheur tout comme Paradis/ Enfer L'antithèse Amour/Haine est l'un des exemples les plus conséquents : Mon amour me séduit/ Ma haine m'emporte Elle est comme partagée entre les deux sentiments. [...]
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