Le conte "Les fées" (1695) est tiré des Contes de ma mère l'Oye et possède une source littéraire : le Pentamerone de Basile. S'inspirant des versions orales où figuraient deux fées, Perrault n'en a gardé qu'une. Portant sur les problèmes de fratrie, il est à rapprocher de Cendrillon et reprend l'histoire de deux soeurs de caractère et de destinée différents : la cadette subit une injustice de la part de sa soeur et on assiste à la revanche de l'enfant sur sa famille (...)
[...] La morale s'appuie sur le caractère concret et simple de la situation (ce qui la rend accessible) et repose sur les rôles de modèle et de contre-modèle joués par les personnages. Au sein du texte, il y a une forte symbolique tant au niveau des objets qu'au niveau du conte en général. Les roses, les diamants et les perles représentent toutes les qualités de la cadette, tandis que les crapauds et les serpents représentent le dégoût que l'aînée peut engendrer. Ainsi, de nombreuses stéréotypies (des personnages, des relations et de la société) permettent la généralisation de la situation et la morale apparaît alors universelle et intemporelle. - le contexte merveilleux. [...]
[...] Il fallait, entre autres choses, que cette pauvre enfant allât, deux fois le jour, puiser de l'eau à une grande demi lieue du logis, et qu'elle rapportât plein une grande cruche Un jour qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui lui pria de lui donner à boire. - Oui, ma bonne mère dit cette belle fille. Et, rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine et la lui présenta, soutenant toujours la cruche, afin qu'elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui dit : Vous êtes si 15 belle, si bonne et si honnête, que je ne puis m'empêcher de vous faire un don. [...]
[...] La lecture est rendue divertissante par la fantaisie du conte. L'attention du lecteur est captivée, rendant ainsi l'assimilation de la morale d'autant plus aisée. Les fées apparaissent comme l'instrument de la justice qui met à l'épreuve, laissant à chacun toute latitude pour exercer son libre arbitre. Le conte apparaît comme profondément moral : la civilité et l'altruisme sont toujours récompensés ; a contrario, la méchanceté et l'égoïsme sont punis. Il délivre deux moralités : - la première est concrète et accessible. [...]
[...] Justement j'ai apporté un flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J'en suis d'avis : buvez à même si vous voulez. - Vous n'êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère. Eh 40 bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapaud. D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria : Eh bien ! ma fille ! - Eh bien ! [...]
[...] - Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l'heure. Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d'argent qui fut au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu'elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C'était la même fée qui avait 35 apparu à sa sœur, mais qui avait pris l'air et les habits d'une princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille. [...]
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