Les Contemplations, Victor Hugo, réponse à un acte d'accusation, poème, critiques, polémique
Le poème « Réponse à un acte d'accusation », paru dans les Contemplations, est un texte majeur dans l'œuvre de Victor Hugo : en effet il exprime les ambitions poétiques de Hugo, qui prétend rompre avec les normes classiques (aussi bien en poésie qu'au théâtre). Cette rupture est violente, comme l'indique le titre : il s'agit de la réponse à une « accusation » : Hugo a subi des critiques, et lui-même ce moque de ces critiques, et les accuse à son tour. Le poète n'exprime donc pas de manière neutre ses ambitions : il se pose en rupture. On verra donc en quoi ce poème est un art poétique profondément polémique.
[...] La rupture est très clairement marquée au vers 20 : « Alors, brigand, je vins, je m'écriai : Pourquoi/ Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ? ». Cette rupture est marquée de plusieurs manières : d'abord par l'adjectif temporel « Alors » (qui indique une rupture), surtout par le changement de temps : on a ici deux verbes au passé simple qui indiquent un changement net d'action. Le premier verbe est d'ailleurs particulièrement accentué par sa place dans le vers (à l'hémistiche) : la venue de Hugo est ainsi très bien mise en valeur comme un acte nouveau et fondamental. [...]
[...] C'est, par Hugo, la jeunesse libre et insolente qui s'exprime. Conclusion Audacieux, révolutionnaire, insolent, Hugo présente un art poétique polémique (les classiques sont ridiculisés), réfléchi (il s'agit d'exprimer « l'idée ( . ) tout humide d'azur ») par tout les moyens, mais aussi drôle et humoristique avec cette mise en scène d'une « tempête au fond de l'encrier », d'une révolution des mots. Déjà, dans ce langage où le mot « cochon » apparaît, où l'enjambement brise l'ordre classique, Hugo met en acte, pratique, son art poétique. [...]
[...] Enfin, ce qui est également mis en valeur c'est le mot « Pourquoi » : Hugo vient interroger un ordre, un classement qui n'a jamais été remis en question. On note également la très nette rupture dans la versification avec l'enjambement (terme interrogateur/ suite de la question au vers suivant) : ce n'est pas un hasard si, au moment de l'annonce de sa révolution par rapport aux normes classiques, Hugo choisit de détruire l'organisation de l'architecture classique. Un vent de liberté (un langage sans normes) En quoi consiste exactement cette révolution ? [...]
[...] Une peinture railleuse des auteurs et des institutions classiques Hugo montre clairement qu'il n'est pas d'accord avec cette distinction et cette dépréciation des classiques. On le voit à la peinture moqueuse, ironique qu'il fait des classiques. S'il apprécie Corneille (comme le montre l'expression méliorative « trop grand », ou la sympathie marquée par la désignation « bonhomme ») qui conserve des mots populaires, il montre un Racine hautain et méprisant (« Racine regardait ces marauds de travers » v. 15). [...]
[...] Cette libération est aussi un appel à la sincérité : « Je nommai le cochon par son nom ; pourquoi pas ? ». Rappelons que le « cochon » est un mot absolu banni du langage classique (cela nous rappelle d'autres passages du poème où Hugo récuse les périphrases classiques et réclame un langage vrai, direct et simple : « Je dis au long fruit d'or : mais tu n'es qu'une poire ») La peinture d'une jeunesse (et donc d'un langage libre et insolent) Ce changement est véritablement présenté comme une révolution. [...]
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