Le clerc Chrétien de Troyes, dans sa dernière oeuvre, Le Conte du Graal, remet en question l'idée d'une littérature trop courtoise, et dote son roman d'une portée didactique et spirituelle plus explicite que dans ses oeuvres précédentes. En effet, la venue de Perceval chez l'ermite constitue une véritable leçon de catéchisme pour le héros et le lecteur. Ce passage semble éclairer toute la "partie" consacrée à Perceval, qui renaît ici, au printemps tel la nature dans les reverdies, et durant la semaine sainte tel le Christ, après cinq années d'errance spirituelle, de mutisme et d'exploits chevaleresques élidés par le romancier. Après avoir rencontré des pèlerins qui lui ont rappelé l'existence de Dieu, le héros se dirige donc vers l'ermitage (...)
[...] Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal (éd. Lettres Gothiques) Commentaire composé des vers 6290 à 6398 : Perceval chez l'ermite Le clerc Chrétien de Troyes, dans sa dernière oeuvre, Le Conte du Graal, remet en question l'idée d'une littérature trop courtoise, et dote son roman d'une portée didactique et spirituelle plus explicite que dans ses oeuvres précédentes. En effet, la venue de Perceval chez l'ermite constitue une véritable leçon de catéchisme pour le héros et le lecteur. Ce passage semble éclairer toute la partie consacrée à Perceval, qui renaît ici, au printemps tel la nature dans les reverdies, et durant la semaine sainte tel le Christ, après cinq années d'errance spirituelle, de mutisme et d'exploits chevaleresques élidés par le romancier. [...]
[...] et 6293) La quête de l'objet détourne donc Perceval de la quête spirituelle qu'elle semble représenter pour lui. Et do graal que je i vi Ne sai pas cui l'an en servi, Que morz eüsse esté, mien vuel, S'en ai puis eü si grant duel Que Dameldeu en obliai. La quête du graal semble donc un leurre qui confine au désespoir. Pourtant, ce graal est le symbole du salut du royaume, et le contresens de Perceval repose sur la recherche concrète, physique, d'une notion abstraite, intellectuelle. [...]
[...] L'ermite dresse donc à Perceval et au lecteur un programme de dévotion, d'assiduité religieuse. Il trouve ainsi chez l'ermite la voie du salut, à travers la rédemption, salut que symbolisait justement le graal. Ce graal ne contient pas une nourriture terrestre, luz ne lamproies ne salmon mais bien une nourriture spirituelle, une hoiste bien qu'il y ait une équivalence symbolique (le poisson est le symbole du Christ). De même, le salut n'est pas contenu dans le graal mais bien dans la parole adressée à Dieu. [...]
[...] Ainsi, il devient détenteur d'un savoir que Perceval est à présent en mesure de comprendre. La quête de savoir semble ici aboutir : Perceval, en se posant les bonnes questions, obtient les réponses attendues. Enfin, l'ermite se pose en modèle de foi, d'espérance, de dévotion et de charité pour le jeune homme. Tout comme son père, il mène une vie sainte, lui aussi est esperitax Il enseigne donc à son élève un catéchisme, non plus populaire, mais savant, reprenant le discours de la mère, mais le replaçant dans un cadre religieux. [...]
[...] En effet, il révèle à Perceval son lignage, et restitue l'équilibre familial que le jeune homme avait perdu depuis la mort de la mère. Ainsi, il prend connaissance de ses parents vivants, et non plus morts. Lui qui se croyait issu d'un lignage détruit par la mort, est comme ramené à la vie par la présence de l'ermite, du roi pêcheur et de son père : Cil cui l'an en sert est mes frère, Ma suer et soe fu ta mère, Et del Riche Pescheor croi Que il est filz a celui roi Qui del Graal servir se fet. [...]
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