Une autobiographie se définit comme le récit rétrospectif qu'une personne fait de sa propre vie. Dès lors, un pacte s'établit entre le lecteur et l'auteur, celui-ci s'engageant à dire la vérité. Ainsi, au XVIIIème, en décidant d'écrire ses Confessions, Rousseau s'engage à respecter ce pacte. Dans l'extrait proposé, tiré du livre II de son autobiographie, Rousseau avoue le vol d'un ruban. On pourra alors se demander si l'écriture autobiographique a bien pour seul but l'aveu d'une faute passée. Tout d'abord, nous verrons que Rousseau nous conte avec sincérité le récit de cette anecdote passée. Mais, dans une deuxième partie, nous verrons que l'écriture subjective cache un enjeu bien différent mettant dès lors en avant les limites du pacte autobiographique (...)
[...] Il cherche à obtenir la compassion du lecteur. > Dépassement du pacte autobiographique CONCLUSION On constate donc bien que le texte apparaît plus comme une demande de pardon que comme le simple récit d'une faute passée. En effet, avec l'expression de ses remords, Rousseau passe du banc de coupable sans cœur à celui de victime qu'il faut délivrer de sa souffrance. Il tente à travers l'expression démesurée de sa culpabilité d'obtenir la compassion du lecteur. Il s'agit pour lui de se libérer d'un poids. [...]
[...] Sa prédiction n'a pas été vaine; elle ne cesse pas un seul jour de s'accomplir. J'ignore ce que devint cette victime de ma calomnie; mais il n'y a pas d'apparence qu'elle ait après cela trouvé facilement à se bien placer: elle emportait une imputation cruelle à son honneur de toutes manières. Le vol n'était qu'une bagatelle, mais enfin c'était un vol, et, qui pis est, employé à séduire un jeune garçon: enfin, le mensonge et l'obstination ne laissaient rien à espérer de celle en qui tant de vices étaient réunis. [...]
[...] Elle arrive, on lui montre le ruban: je la charge effrontément; elle reste interdite, se tait, me jette un regard qui aurait désarmé les démons, et auquel mon barbare coeur résiste. Elle nie enfin avec assurance, mais sans emportement, m'apostrophe, m'exhorte à rentrer en moi-même, à ne pas déshonorer une fille innocente qui ne m'a jamais fait de mal; et moi, avec une impudence infernale, je confirme ma déclaration, et lui soutiens en face qu'elle m'a donné le ruban. La pauvre fille se mit à pleurer, et ne me dit que ces mots: Ah! Rousseau, je vous croyais un bon caractère. [...]
[...] Une bêtise d'enfant, une vétille hyperboles: action atroce elle ne cesse pas un seul jour négation forte par trois fois: jamais (lignes 44) + sans allègement (ligne 45) > Proclamation, expression de remords. Aucun moyen de se libérer de ce poids. Seule l'écriture apparaît cathartique, libératrice champ lexical de la souffrance, du mal-être > En exprimant son remords, Rousseau quitte la position de coupable pour celle de victime. Il a été hanté toute sa vie par les conséquences de sa faute. [...]
[...] Je me trouble, je balbutie, et enfin je dis, en rougissant, que c'est Marion qui me l'a donné. Marion était une jeune Mauriennoise dont madame de Vercellis avait fait sa cuisinière quand, cessant de donner à manger, elle avait renvoyé la sienne, ayant plus besoin de bons bouillons que de ragoûts fins. Non seulement Marion était jolie, mais elle avait une fraîcheur de coloris qu'on ne trouve que dans les montagnes, et surtout un air de modestie et de douceur qui faisait qu'on ne pouvait la voir sans l'aimer; d'ailleurs bonne fille, sage, et d'une fidélité à toute épreuve. [...]
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