Nous avons ici un poème de Serge Essénine, La confession d'un voyou, extrait du livre Quatre poètes russes. V.Maïakovsky, B. Pasternak, A. Blok. S. Essénine, traduit du russe par Armand RobinCognac, Le temps qu'il fait, 1985. On a donc un document public, non officiel, intégral et donc traduit. Ce poème date de 1920.
L'auteur est Serge Essénine (1895-1925). Il est né le 3 octobre 1895 dans le village de Konstantinovo, dans le gouvernement du Riazan, il est donc d'origine paysanne et c'est un élément très important pour sa vie et son œuvre. Dès l'âge de 2 ans à cause de la pauvreté de ses parents, il est élevé par son grand-père, un homme intelligent. Il passa donc toute son enfance à la campagne. En 1908, il termine ses classes à l'école du village et son grand père veut faire de lui un instituteur. Il va donc à l'école normale de Spas-Klépiki où il commence à écrire ses premiers poèmes vers 1910. Après avoir fini l'école, de 16 à 17 ans, il retourne vivre dans son village natale. Dès lors il veut devenir le « 1er poète de la Russie ». En 1913, il part pour Moscou. En 1915, il va à St Petersbourg et rencontre le poète Alexandre Blok. Ce dernier l'introduit dans les milieux littéraires et Essénine se lie avec Nicolas Kliouev qui devint son guide et son maître spirituel dans les années 1915/1917. En 1916, il publie son 1er recueil de vers, Radounitsa. Les salons littéraires se disputent Essénine et il devient sur de lui, insolent mais tout le monde l'aimait. Dans le même temps le mouvement neo-paysans se met en place et Essénine en fait parti, ce mouvement s'épanoui et connaît son plus grand succès de 1915 à 1918. Essénine se rapproche du parti socialiste-révolutionnaire de gauche et en 1917, il prend parti pour la révolution. En 1918, il publie un poème, L'Inonie et s'installe à Moscou. Son 2nd recueil parait : Golouben. Puis il écrit un essai, Les clés de Marie et fait parti du mouvement Imaginiste. Durant les années 1919 à 1921, Essénine est déçu de la Révolution, de ces effets, c'est là qu'il va écrire trois poèmes qui sont un sommet de sa poésie : Les bateaux-juments, Sorokooust, La confession d'un voyou (1920) et Pougatchev (1921). Il mène alors une vie de dépravé, de scandales. En 1921, il rencontre Isadora Duncan qui sera sa 2nde épouse. C'est avec elle en 1922 qu'il entreprend un voyage en Europe puis aux Etats-Unis où orgies et scandales se succèdent. A son retour d'occident et durant les 2 années qui précèdent sa mort il voyage beaucoup à l'intérieur de la Russie. Il connaît une période d'apaisement pendant les 6 mois de 1924/1925 qu'il passe au Caucase, à Tiflis et à Batoum. 2 œuvres importantes : Moscou des cabarets (1924) et L'homme noir (1925). En 1925, il retourne à Moscou, se marie avec Sophie Tolstoï et s'installe dans un hôtel. Dans la nuit du 27 au 28 décembre 1925, il s'ouvre les veines, écrit un ultime poème avec son sang et se pend à une conduite du chauffage central.
La confession d'un voyou date de 1920 et le contexte est important pour comprendre ce poème. Après plus de 6 ans de guerres, de privations, la population russe est épuisée. En 1920, la guerre civile fait rage (depuis 1918) et oppose l'Armée Rouge aux forces contre-révolutionnaires soutenues par les puissances occidentales, elle fait plus de 8 millions de victimes. La Russie est dans une situation catastrophique. On a un effondrement des finances publiques et la situation économique se traduit par une désorganisation presque complète et un recul de plusieurs décennies. L'industrie et très touchée et la famine règne dans les campagnes. Le mécontentement populaire s'exprime de plus en plus ouvertement malgré les risques, à la fin de l'année 1920 on assiste à des révoltes paysannes qui sont fortement réprimées par le pouvoir. La répression s'abat sur tout ceux qui contestent le pouvoir bolchevique. La « démocratie bourgeoise » étant condamnée, l'assemblée constituante élue en janvier 1918 est dispersée et les partis, mêmes socialistes sont interdits. La police politique, la Tcheka, surveille la population. Le communisme de guerre se traduit par la nationalisation de l'économie, par de brutales réquisitions dans les campagnes et par une discipline du travail renforcée dans les usines. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre notre poème, dans ce contexte qui est insupportable pour Essénine qui assiste à la mort du village qu'il aimait tant. Essénine est profondément déçu par cette révolution.
La Confession d'un voyou nous montre le poète tel qu'il est, à un moment particulier de son existence. Il chante ses goûts, la mort d'une Russie qu'il aime et sa nostalgie du pays de son enfance. Poème emprunt de désespoir qui nous montre tout le lyrisme de la poésie d'Essénine.
On peut alors de demander dans quelle mesure ce poème est représentatif du thème de la mort de la Russie paysanne, thème central des années 1919/1921, comment ce poème nous montre le désespoir du poète devant la réalité même de l'après révolution ?
Dans une 1ère partie nous verrons le côté lyrique et bohême du poète, puis, dans une seconde partie nous expliquerons les images utilisées par Essénine dans ce poème et enfin dans une dernière partie nous nous attacherons à montrer la nostalgie et le désespoir du poète face à une Russie paysanne qui se meurt.
[...] Après avoir fini l'école, de 16 à 17 ans, il retourne vivre dans son village natale. Dès lors il veut devenir le 1er poète de la Russie En 1913, il part pour Moscou. En 1915, il va à St Petersbourg et rencontre le poète Alexandre Blok. Ce dernier l'introduit dans les milieux littéraires et Essénine se lie avec Nicolas Kliouev qui devint son guide et son maître spirituel dans les années 1915/1917. En 1916, il publie son 1er recueil de vers, Radounitsa. [...]
[...] C'est un poème nostalgique. B. Le dernier des poètes paysans C'est dans la mélancolie, la nostalgie et dans le souvenir qu'Essénine trouve son inspiration. Il chante ici la mort du village patriarcal, tué par la Révolution, par l'industrialisation et la civilisation matérielle. Dans La confession d'un voyou, Essenine nous dit sa nostalgie du village en péril de mort avec une bouleversante intensité d'émotion. Il est désespéré d'être le dernier poète du village. Tous ces sentiments que nous retranscrit le poète sont dus en grande partie par l'idéalisation, le souvenir de son enfance mais également par les conséquences de la Révolution. [...]
[...] Les hommes sont méchants, ils tuent, ils massacrent. Le poète veut se réfugier auprès des bêtes qui, elles, ne font pas de mal. Il se sent proche de ces êtres humbles et incompris. Un jour l dit à son ami le peintre paysan Ilia Ryjenko: Je crois que seuls les animaux aiment et comprennent vraiment la nature. Et aussi les plantes. Tandis que les hommes font seulement semblant. Toi non plus, tu n'es pas un homme, à mon avis, mais un grand chien, bon et intelligent. [...]
[...] Son 2nd recueil parait : Golouben. Puis il écrit un essai, Les clés de Marie et fait parti du mouvement Imaginiste. Durant les années 1919 à 1921, Essénine est déçu de la Révolution, de ces effets, c'est là qu'il va écrire trois poèmes qui sont un sommet de sa poésie : Les bateaux-juments, Sorokooust, La confession d'un voyou (1920) et Pougatchev (1921). Il mène alors une vie de dépravé, de scandales. En 1921, il rencontre Isadora Duncan qui sera sa 2nde épouse. [...]
[...] Les arbres : En effet, pour le poète, le peuple russe vit dans la croyance secrète que l'homme tire son origine de l'arbre. Le thème de l'identité de l'homme et de l'arbre est et reste un thème permanent d'Essénine. Par exemple, le bouleau est pour lui une jeune fille, il apparaît comme un idéal érotique et le pin est une vieille femme. Ici, Essénine cite trois arbres : aulne, le saule et l'érable. L15 son de l'aulne et l42 la tristesse se penche en saule On a ici l'idée que les arbres sont vivants et qu'ils représentent des choses. [...]
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